Stockage du carbone dans les sols : les scientifiques boostés par l'initiative 4 pour 1000
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« L’initiative 4 pour 1000 montre que la science peut se mobiliser à l’échelle internationale pour apporter des solutions à des problèmes globaux », a affirmé Philippe Mauguin, président directeur général de l’Inra, le 6 janvier à Paris lors d’un séminaire sur le programme 4 pour 1000. Jean-François Soussana, directeur scientifique environnement à l’Inra, Jean-Luc Chotte, directeur de recherches à l’IRD, Rattan Lal et Christian Feller, de l’Union internationale des sciences du sol (UISS) et Claire Chenu, ambassadrice de la FAO pour l’année internationale des sols, se sont joints à lui afin de témoigner à Stéphane Le Foll leur gratitude pour avoir porté la séquestration du carbone dans les sols à l’agenda international.
La recherche encore récente et lacunaire
« L’objectif de stockage de carbone dans les sols suscite de nombreuses questions : Quelles sont les capacités de stockage des différents sols, les facteurs qui influent dessus ? Quelle cinétique ? Quelles méthodes de contrôle ? », énumère Claire Chenu, soulignant l’étendue des recherches à mener pour combler le manque de connaissances sur le sujet. Jean-François Soussana insiste quant à lui sur le récent intérêt pour le carbone. « Entre 1991 et 2002, les scientifiques s’intéressaient à l’azote. L’enjeu était à la productivité. »
4 pour 1000, un objectif atteignable
Assimilation de matière organique d’un côté, érosion et respiration du sol de l’autre : les stocks de carbone du sol résultent de la balance entre des flux entrants et d’autres sortants. « Il est plus facile d’augmenter les entrées de carbone que de diminuer les sorties », indique Claire Chenu.
Pour favoriser le stockage, elle évoque l’utilisation de couverts végétaux, de déchets organiques et de l’agroforesterie. Cette dernière pratique présente l’intérêt de stocker le carbone dans les horizons plus profonds du sol, entre 30 et 100 cm de la surface, où le temps de résidence moyen (MRT) est quatre fois supérieur à celui du carbone séquestré à moins de 30 cm de la surface.
Pour prouver la faisabilité de l’objectif 4 pour 1000, Jean-François Soussana avance des chiffres. « Augmenter de 4 pour 1000 le stock de carbone dans les 40 premiers centimètres du sol correspond à y stocker 3,4 gigatonnes de carbone en plus, chaque année. » Un objectif atteignable, selon lui, en répartissant l’effort ainsi :
- 1,4 gigatonne de carbone stocké par an dans les sols agricoles ;
- 1,1 gigatonne de carbone stocké dans les sols forestiers ;
- 0,9 gigatonne de carbone stocké dans les sols désertiques et salinisés.
Le sol et le bois : deux lieux de stockage du carbone
« Nous n’avons pas besoin de plus de terres mais de terres de meilleure qualité », ajoute Rat Allal. D’après le ministre de l’Agriculture, « l’association de cultures et ainsi, l’augmentation de l’indice productif de photosynthèse à l’hectare constitue une alternative intéressante à la lutte contre l’urbanisation. »
Après l’initiative 4 pour 1000, Stéphane Le Foll évoque une deuxième solution pour stocker du carbone ailleurs que dans l’atmosphère : le bois. « 1 m3 de bois correspond approximativement à une tonne de carbone stockée. » Il annonce un projet global sur la bioéconomie, dans lesquels trois volets sont considérés : la production alimentaire, l’énergie et tous les produits issus de la photosynthèse (amidon, plastique biovégétal, etc). Ce projet doit être présenté prochainement.