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Syppre : trois instituts à la recherche des systèmes de culture de demain

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Fruit d’une réflexion menée dès 2012 par les directeurs d’Arvalis-Institut du végétal, de l’Institut technique de la betterave (ITB) et de Terre Inovia, validée par un projet lancé en 2013 et concrétisée sur le plan expérimental par cinq plateformes implantées à l’automne 2015… La démarche Syppre (1), qui se déploie depuis quelques mois, se décompose en trois volets : expérimentations terrain, observation des pratiques, réseaux d’échanges avec des agriculteurs. L’objectif : construire les systèmes de culture de demain, productifs, rentables et respectueux de l’environnement.

« Nous explorons à la fois des pratiques innovantes et des systèmes en rupture combinant plusieurs leviers simultanément. L’idée est de produire des connaissances, méthodes et outils à destination des conseillers agricoles et des agriculteurs, tout en restant pertinent et raccord avec les problématiques locales », explique Clotilde Toqué, en charge de Syppre chez Arvalis. En ce sens, cinq sites expérimentaux ont été mis en place dans cinq milieux agricoles différenciés (2). Après avoir défini un cap global, les trois instituts ont pu affiner et adapter des objectifs locaux une fois les sites choisis.

Suivi sur le long terme

« L’aspect partenarial est important, précise encore Clotilde Toqué. Chambres d’agriculture, coopératives, négoces, groupes de développement, industriels… prennent part aux comités de pilotage des plateformes, où ils sont force de proposition. Ils sont investis dans les choix des systèmes et profitent de tous les enseignements tirés dans le cadre de Syppre. » Les enjeux de chaque site sont projetés sur 15 à 20 ans. Des expérimentations pérennes permettent de mesurer le temps de la transition vers les systèmes de culture innovants, les effets sur les systèmes évoluant lentement (vie du sol, régulation naturelle, état des eaux…) et sur la gestion des exploitations. L’émergence d’innovations au fur et à mesure du projet sera intégrée progressivement.

1000 questionnaires agriculteurs

Le volet « observation des pratiques » s’appuie sur des enquêtes qui seront réalisées tous les ans. En 2015, mille questionnaires ont été renseignés auprès d’une population d’agriculteurs panélisés, afin de cerner les pratiques actuelles sur le terrain. Les réponses seront également intégrées afin d’orienter le programme année après année. Enfin, l’aspect « échange d’informations » est travaillé à l’échelle de chacune des plateformes. À ce jour, trois d’entre elles sont liées à au moins un réseau local d’agriculteurs à la recherche d’innovation. L’objectif et de tester les nouveaux systèmes au-delà et en complément des plateformes, mais aussi de faire émerger de nouvelles idées à évaluer sur les plateformes ou en exploitation.

  • Objectifs chiffrés et budget

L’investissement pour ce projet est qualifié de « conséquent » par les instituts, mais les objectifs sont à la hauteur des efforts consentis : augmenter la productivité par hectare jusqu’à 10 %, réduction des intrants de 10 à 40 %, réduction des émissions de gaz à effets de serres de 10 à 30 %, et un stockage du carbone augmenté de + 1 à + 4 pour mille par an. Sans dégrader la durabilité économique.

(1) Systèmes de production performants et respectueux de l’environnement. (2) Picardie (limons profonds), Champagne (terres de craie), Berry (argilo -calcaires superficiels), coteaux du Lauragais (argilo-calcaires), Béarn (terres humifères).