Toxibees, un outil pour intégrer le critère « abeilles » à la stratégie phytosanitaire

Toxibees est un aboutissement d’un appel à projets Ecophyto de 2020. Porté par l’association Bee Friendly, avec l’appui scientifique d’Inrae, du CNRS et d’Itsap-Institut de l’abeille, il se concrétise à travers un site internet lancé ce 27 avril, et présenté lors d’un webinaire le même jour.

Passer du produit à la matière active

L’objectif tient en une phrase : proposer aux agriculteurs une grille de lecture « pollinisateurs » au moment où ils définissent leur stratégie sanitaire. Sa mise en application, elle, a demandé beaucoup de travail. Toxibees propose, pour chaque substance active, un cadran allant de A à E, où A caractérise un produit peu impactant pour les abeilles, et E un produit dangereux. « Nous savons que les agriculteurs raisonnent davantage en termes de produit, nous avons intégré un moteur de recherche qui facilite le lien entre les deux », explique Amélie Bajolet, présidente du Label Bee Friendly.

Un modèle intégrant dix critères

Pour aboutir à ce « Toxiscore », les créateurs de Toxibees ont pris en compte dix paramètres. Six d’entre eux portent sur le comportement des matières actives dans l’environnement (systémie, solubilité dans l’eau, etc.), et quatre portent sur la toxicité pour le pollinisateur (par inhalation, par contact, etc). Au moment de consulter la note d’une substance, l’utilisateur peut consulter celle de chacun des dix critères, une note « comportement » agrégeant les six critères concernés, une note « toxicité » élaborée à partir des quatre paramètres correspondant, et la note globale. Sont aussi proposés un graphique situant la substance active par rapport aux autres molécules dédiées au même usage (fongicide, herbicide, etc.) sur la même culture, et des conseils pour utiliser au mieux la substance analysée.

Toxibees, amené à évoluer

Comme souvent pour ce type d’outil, la version de lancement va évoluer. Un version 2 est déjà prévue. « L’idéal serait d’aller vers une prise en compte des formulations complètes, car un produit n’est pas une matière active seule », se projette Jean-Marc Bonmatin, chimiste du CNRS. Les porteurs de Toxibees sont également conscients que plusieurs paramètres entrent en compte dans le choix d’un produit par un agriculteur : le prix, l’efficacité, mais aussi l’alternance de familles de molécule à l’échelle de la culture, de la rotation… « Nous ne présentons pas un outil absolu, pose Jean-Luc Belzunces, directeur de recherche à Inrae. Nous voulons surtout faciliter l’intégration du critère pollinisateur dans une décision que nous savons complexe. »

Impliquer les têtes de réseaux agricoles

Si Bee Friendly compte faire un usage pédagogique de Toxibees parmi les producteurs labellisés, l’objectif est de faire connaître l’outil au plus grand nombre. « Un séminaire sera organisé en septembre, avec de premiers retours, où nous inviterons toutes les têtes de réseaux concernées, pose Amélie Bajolet.  Autrement dit les syndicats, les instituts techniques, ou encore les chambres, sur lesquelles nous comptons particulièrement. »

Et les OS ? LCA et FNA seront également conviées, alors qu’une dizaine de coopératives et négoces étaient inscrits au webinaire du 27 avril.