Le phosphore est un élément indispensable à la croissance des plantes. C’est également une ressource non renouvelable très inégalement répartie : 73 % des réserves mondiales de roches phosphatées sont au Maroc. D’après l’analyse conduite en novembre 2016 par le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, les réserves mondiales techniquement exploitables sont de l’ordre de 69 Gt, et 218 Mt ont été extraites en 2014. Les auteurs de la prospective s’interrogent quant à un éventuel Peak phosphorus, à l’image du Peak oil. Mais ne le datent pas en raison des incertitudes qui pèsent sur l’estimation des réserves actuelles et celle des besoins futurs.

L’agriculture utilise 90 % des roches phosphatées extraites

90 % des roches phosphatées extraites sont utilisées dans le secteur agricole. Les sols des pays industrialisés étant déjà enrichis, ce sont actuellement les pays émergents et en développement qui sont les plus grands demandeurs dans le monde.

La génétique figure parmi les solutions pour réduire la dépendance du secteur agricole à cette ressource. Des variétés capables de prélever le phosphore dans les sols pauvres, ou de l’utiliser efficacement avec une amélioration de la quantité de biomasse produite par quantité d’élément prélevé, seraient intéressantes.

Au niveau de la parcelle, l’association de céréales avec des légumineuses, le travail sur les modalités d’application ou encore le recours à des variétés prélevant efficacement l’élément dans les zones enherbées pour en faire ensuite des engrais verts constituent autant d’options. D’après une expertise de l’Inra, le recyclage des matières fertilisantes d’origine résiduaire (Mafor) comme les déchets agro-industriels, les boues des stations d’épuration ou les effluents d’élevage correspond aussi à une solution : en France, « les quantités de phosphore présentes dans les Mafor pourraient couvrir l’ensemble des prélèvements annuels de phosphore par la production agricole. »