Vignes, des cultures de services pour réduire les herbicides
Le | Recherche-developpement
Pour répondre aux préoccupations environnementales et sociétales, la viticulture doit s’adapter et réduire l’utilisation des pesticides, notamment des herbicides. Pour cela, des cultures dites de services (CDS) peuvent être des alternatives intéressantes. Explications avec l’Institut Agro de Montpellier.
[caption id=« attachment_73619 » align=« alignright » width=« 360 »]
« Les cultures dites de services réduisent le risque de développement des maladies fongiques de la vigne et favorisent la diversité des espèces végétales » : Léo Garcia, enseignant-chercheur en agronomie et agroécologie à l’Institut Agro de Montpellier.
CP : J.M.T.[/caption]
« Face aux préoccupations environnementales, sanitaires et aux attentes sociétales soulevées par l’usage des herbicides en viticulture, à commencer par le glyphosate, la mise en œuvre de nouvelles solutions pour lutter contre les adventices sont nécessaires », explique Léo Garcia, enseignant-chercheur en agronomie et agroécologie à l’Institut Agro de Montpellier. Il s’exprimait le 12 mars à l’occasion d’une journée destinée consacrée aux innovations de la vigne et du vin au Domaine de Pech Rouge à Gruissan, dans l’Aude.
Pour réduire les herbicides en viticulture, les professionnels travaillent les sols. Or, c’est une pratique coûteuse et difficilement adaptable pour des vignes à fort dévers ou en terrasses. L’agroécologie semble être une bonne piste, notamment avec l’installation des cultures dites de services (CDS) dans les vignes. Il s’agit d’implanter des couverts végétaux ou des enherbements avec des espèces végétales semées seules, ou en mélange. Par exemple, la phacélie et la vesce velue pourront être semées seules, et l’avoine, la féverole et la moutarde en association.
Bénéfices environnementaux et résilience accrue de la vigne
Les chercheurs qui travaillent sur les CDS ont constaté des effets bénéfiques : « En régulant la vigueur de la vigne, elles réduisent les attaques fongiques, notamment l’oïdium et le mildiou qui sont les deux principales maladies cryptogamiques de la vigne, poursuit Léo Garcia. Les cultures de service affectent également l’abondance et la diversité des adventices. Elles attirent des insectes auxiliaires et des pollinisateurs bénéfiques pour la vigne et l’environnement. »
Grâce à leurs systèmes racinaires, ces CDS améliorent aussi les propriétés physiques et chimiques des sols. Elles contribuent à la réduction de l’érosion et de la pollution des eaux et augmentent l’activité biologique des sols ainsi que la captation du carbone.
Définir une stratégie
Pour bien réussir l’implantation des CDS, le viticulteur devra définir une stratégie. Celle-ci doit tenir compte d’objectifs de rendement, de diverses contraintes comme le climat et le type de sol, du type d’espèces semées, de la saison (après les vendanges, au printemps ou en été), mais aussi de la densité de semis. La destruction des CDS pourra se faire au débourrement de la vigne ou à la floraison, par exemple avec un gyrobroyeur et un rouleau. Les résidus pourront être enfouis ou utilisés en mulch.
Si les CDS semblent des solutions intéressantes pour la viticulture, leur implantation nécessitent cependant des précautions. « Attention à ne pas concurrencer la vigne vis-à-vis de la ressource en eau et diminuer la vigueur des plantes », insiste Léo Garcia. Il estime donc impératif de bien gérer l’enherbement comme une véritable culture associée à la vigne.
José Martinez -Teruel