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« Accepter qu’un produit de biocontrôle apporte une moindre efficacité »

Le | Reglementation

Baudoin Favreaux plaide pour une refonte de la réglementation afin que soit acceptée une moindre efficacité des produits de biocontrôle. Le directeur général d’Antedis, société spécialisée dans l’expérimentation agronomique au champ, estime que ces spécialités alternatives représenteront plus de 70 % des essais conduits par son entreprise d’ici à trois ans.

« Accepter qu’un produit de biocontrôle apporte une moindre efficacité »
« Accepter qu’un produit de biocontrôle apporte une moindre efficacité »

« Les mentalités doivent changer : nous devons perdre l’habitude d’avoir un produit de protection des plantes efficace à 95 % », avance Baudoin Favreaux. Pour le directeur général d’Antedis, société spécialisée dans l’expérimentation agronomique au champ, il faut se résigner à ce qu’un produit de biocontrôle ne soit efficace qu’à 65 % et accepter de devoir l’associer à une autre solution de lutte, ou traiter plusieurs fois. « Les producteurs de pommes de terre ou les viticulteurs sont habitués à passer plusieurs fois dans leurs parcelles, reprend-il. Cette habitude devra être prise en grandes cultures. »

Une nécessaire refonte de la réglementation

Baudoin Favreaux plaide pour que la législation change et accepte une moindre efficacité des produits de biocontrôle. « Il faut une refonte des dossiers biologiques, souligne-t-il. Car aujourd’hui, les niveaux d’efficacité exigés sont les mêmes que pour les produits conventionnels. »

Les essais agronomiques nécessaires à la constitution d’un dossier d’AMM pour un produit de biocontrôle suivent le même protocole que tous les produits phytopharmaceutiques. « Ces protocoles sont toutefois plus complexes, car ces spécialités exigent davantage de technicité, explique Baudoin Favreaux. Les stades, le nombre et le mode d’application, ainsi que les doses et fréquences diffèrent le plus souvent des produits conventionnels. Ces spécialités sont par ailleurs souvent plus sensibles aux températures, à l’humidité… Nous nous attachons donc à surveiller de près les conditions météorologiques lors des expérimentations et, forts de nos quatorze plateformes d’essais, nous testons ces produits dans plusieurs régions. »

Connaître son produit avant de l’expérimenter en plein champ

Pour mener à bien l’expérimentation agronomique au champ des produits de biocontrôle, Antedis a développé un questionnaire spécifique à ces spécialités. « Nous devons précisément savoir comment le produit fonctionne, souligne le directeur général. Ces spécialités exigent davantage de temps d’examen en conditions contrôlées avant les essais au champ. Si les sociétés, telles que des startups, ne sont pas en capacité de conduire les tests en conditions contrôlées, nous nous en chargeons. Le travail en amont de l’expérimentation au champ est essentiel. »

Alors que les produits de biocontrôle ne représentaient que 5 % il y a cinq ans dans les solutions de protection des plantes expérimentées chez Antedis, ils dépassent désormais les 40 %. « Ces spécialités représenteront plus de 70 % de nos essais d’ici à trois ans », assure le directeur général d’Antedis.

La société est prête à participer au développement de ces solutions alternatives aux produits conventionnels. Elle se félicite de mener des essais pour le compte d’entreprises qui ont obtenu des AMM.

Cet article est extrait de notre Mag biocontrôle 2023, qui décrypte toute l’actualité de ces solutions alternatives et en présente les perspectives.