Diméthoate : verdict imminent
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Selon un communiqué du ministère daté du 11 avril, et suite à la demande de la France, le 29 mars, d’interdire immédiatement le diméthoate dans l’UE ainsi que toutes importations de cerises traitées avec ce produit, la Commission a saisi l’Efsa*, qui a rendu son avis.
L’Agence européenne constate « le manque de données pour utiliser ce produit dans le traitement des cerises » et conclut que « le risque potentiel à long terme et le risque aigu du diméthoate sur la santé des consommateurs ne peuvent pas être exclus. » Compte tenu de la nécessité pour les producteurs de traiter leurs vergers avec les produits autorisés au plus vite, la France et la Commission devraient prendre une décision en fin de semaine pour éviter les distorsions de concurrence entre pays-membres.
Une dérogation de 120 jours, « c’est hors de question » Une réunion se tiendra ensuite avec les professionnels « pour tirer les conséquences de la décision prise. » Le ministère de l’Agriculture précise aussi qu’il maintient sa position d’interdire les importations de cerises traitées avec le diméthoate si à l’issue des discussions actuellement en cours, aucune solution ne permet de protéger le consommateur. « La Commission a entendu notre demande, nous échangeons avec les autres pays », précise-t-on encore du côté du ministère. Quant à la demande de dérogation de 120 jours du diméthoate, déposée en début d’année et attendue par les producteurs alors que le produit est interdit en France depuis le 1er février : « c’est hors de question », affirme-t-on au cabinet du ministre.
Les producteurs demandent un soutien de leur filière Pour Luc Barbier, président de la FNPF, c’est l’état sanitaire du verger qui est au cœur du problème. « Nous ne sommes pas attachés à défendre ce produit, et notre combat ne se justifie pas par des coûts de production, mais bien parce que nous ne pourrons plus éradiquer complètement ce ravageur de nos vergers. Cela fait trois ans que nous sommes en discussion avec les pouvoirs publics pour les sensibiliser à ces problèmes. »
Depuis 2010, la mouche Susikii a envahi les cerisiers et elle n’a pas de prédateurs. Cet insecte renouvelle sa génération en 7 jours. « Le diméthoate est le seul à avoir à la fois un mode d’action ovicide, larvicide et adulticide, il bloque rapidement la dynamique de population. Les autres produits sont adulticides », explique-t-il. La solution pour le producteur reste la dérogation à 120 jours sur usage cerises, en attendant que les solutions de biocontrôle soient disponibles. Des essais en la matière sont engagés depuis 2012.
La molécule fait l’objet d’une procédure de réapprobation au niveau européen, où elle est autorisée jusqu’au 31 juillet 2018. Elle fait partie des 77 substances dont la substitution est envisagée au niveau communautaire. L’Italie est chargée d’examiner le dossier.
* Autorité européenne de sécurité des aliments