L’Anses ne disposera pas d’études toxicologiques complémentaires sur le glyphosate
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En raison de critiques relatives à d’éventuels conflits d’intérêt, le consortium scientifique coordonné par l’Institut Pasteur de Lille, qui avait été sélectionné pour conduire des études toxicologiques complémentaires sur le potentiel caractère cancérogène du glyphosate, s’est retiré. Ces études indépendantes devaient servir à la réévaluation du glyphosate par l’UE.
En avril dernier, l’Anses avait sélectionné un consortium scientifique* coordonné par l’Institut Pasteur de Lille pour mener des études toxicologiques visant à compléter l’exploration du potentiel caractère cancérogène du glyphosate. Et ce, dans l’objectif d’avoir des études indépendantes supplémentaires à fournir aux quatre États membres (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède) chargés de réévaluer la substance. L’UE doit en effet prendre position, avant fin 2022, sur le renouvellement de l’approbation du glyphosate.
Suspicions avant l’heure
Depuis, des critiques sur d’éventuels conflits d’intérêt se sont multipliées… et le consortium a fini par jeter l’éponge. « L’équipe scientifique a décidé de se retirer, considérant d’une part que les conditions n’étaient pas réunies pour avoir un débat scientifique serein sur cette question de toxicité du glyphosate et d’autre part qu’il y avait déjà suspicion sur les données qui pourraient être produites, quel que soit le résultat », a regretté Roger Genet, directeur général de l’Anses, le 23 juillet, lors de son audition par la mission d’information commune sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate de l’Assemblée nationale. Et d’affirmer que l’absence de conflit d’intérêt avait été vérifiée.
L’Agence ne sera donc pas en capacité de produire d’autres données complémentaires dans le cadre de la réévaluation de la molécule. Seule reste une étude du Circ visant à explorer d’éventuels effets génotoxiques du glyphosate suite à une exposition de longue durée de cultures cellulaires, dont les résultats sont attendus pour le second semestre 2021.
Développer une recherche européenne indépendante
L’Anses précise, dans un communiqué daté du 23 juillet, rester « pleinement engagée pour développer, dans un cadre élargi au niveau européen, une recherche indépendante plus que jamais nécessaire pour alimenter l’évaluation des risques liés aux substances chimiques ». L’Agence participe à la préparation d’un partenariat européen pour améliorer cette évaluation des risques, dans le cadre du prochain programme-cadre de l’Union européenne pour la recherche et l’innovation « Horizon Europe » (2021-2027). Elle est même pressentie pour être le futur coordinateur du partenariat. La première stratégie commune sur trois ans et le programme de travail associé, en cours d’élaboration, devraient être soumis à la Commission européenne au premier semestre 2021. Les organisations actuellement impliquées dans la préparation du partenariat proviennent de 25 pays.
*Ce consortium, coordonné par l’Institut Pasteur de Lille, réunissait l’Institut Pasteur de Lille, le CEA, l’Université de Lille, l’Inserm (Institut NuMeCan), l’Université de Toulouse, l’ARPAE (Agency for Prevention, Environment and Energy, Italie) et Laberca