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ZNT et cours d’eau, un enjeu qui tourne au casse-tête dans le Gard

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Pour les viticulteurs gardois, la définition des cours d’eau autour desquels des ZNT sont à respecter a changé fin 2020. La nouvelle cartographie a abouti à la multiplication presque par trois des linéaires concernés. Le négoce Vernazobres s’efforce d’accompagner ses clients agriculteurs face à cette nouvelle donne.

Crédit : Vernazobres - © D.R.
Crédit : Vernazobres - © D.R.

En 2020, les cours d’eau à proximité desquels les agriculteurs doivent respecter des ZNT, dans le Gard, sont passées de 4700 km linéaires… à 13 200 km. Cette évolution est le fruit d’un jugement du tribunal administratif de Nîmes, le 9 juin 2020. Il avait été saisi par des ONG environnementalistes considérant que la définition des cours d’eau impliquant des ZNT, alors basée sur les bonnes conditions agricoles et environnementales, BCAE, n’était pas satisfaisante. Un arrêté préfectoral signé le 17 décembre de la même année, a finalement instauré les cartographies IGN comme référence. Avec, à la clé, une multiplication par trois du linéaire concerné. S’il est encore tôt pour évaluer clairement la portée de ce changement réglementaire, l’année 2021 a permis au négoce Vernazobres de commencer à prendre la mesure du phénomène.

Combiner itinéraire optimal et ZNT, un défi

Sa clientèle représente 15 000 hectares de vignes sur le département, et quasiment tous ses clients viticulteurs sont concernés. Selon Blandine Broquedis, directrice technique du négoce, cette contrainte a tendance à inciter les producteurs à choisir les produits aux ZNT les moins importantes, ce qui complexifie la construction d’itinéraires techniques optimaux. « Par ailleurs, la tendance est clairement à l’augmentation des ZNT, note-t-elle. Même en bio, sur le cuivre par exemple, les ZNT de 5 mètres ont vocation à disparaître, pour tendre davantage vers les 20 et 50 mètres. » Ajoutez à cela l’enjeu des ZNT « riverains » et les contraintes liées au climat venteux du département, et dans certains cas, la planification des pulvérisations prend des allures de casse-tête.

Vernazobres se positionne en facilitateur

Autre problème : selon les premiers retours, la nouvelle cartographie semble ne pas être totalement à jour. « Erreurs de saisie dès le départ ou données obsolètes suite à des remembrements… certains cours d’eau relèvent du fossé, ou n’existent tout simplement plus », note Blandine Broquedis. « Nous centralisons les cas litigieux, et nous essayons de jouer les facilitateurs pour les remonter auprès de la Direction départementale des territoires et de la mer, explique Sandra Tourrière, en charge des formations et des certifications, au sein du négoce. L’administration est à l’écoute, mais il est difficile de savoir si une évolution des cartes est possible, ni dans quel délai. Or, pour les agriculteurs, la question se pose dès aujourd’hui ! Elle leur est posée par exemple lors des audits basés sur cette cartographie, pour ceux qui s’inscrivent dans certaines certifications. »

Une réglementation plus rapide que les alternatives techniques

Le Gard n’est pas un cas isolé. Les Bouches-du-Rhône, l’Ardèche et l’Hérault, sur lesquels Vernazobres est également actif, connaissent la même situation. Le négoce s’efforce de travailler des solutions techniques pour aider les viticulteurs à faire face. Des alternatives aux herbicides (enherbement ou travail du sol) et aux fongicides (biocontrôle) sont proposées. En cultures hautes, la plantation de haies en tant que dispositifs arbustifs, qui permettrait de revoir certaines ZNT à la baisse, est aussi une solution. « Mais en milieu méditerranéen, les abords des cours d’eau, le plus souvent à sec sauf épisodes pluvieux exceptionnels, ne sont pas gérables dans la pratique du fait des difficultés d’entretien », regrette Sandra Tourrière. De son côté, Blandine Broquedis souligne que les alternatives aux produits phytosanitaires sont bien souvent synonymes de travail supplémentaire pour les agriculteurs déjà très sollicités.

Un enjeu d’avenir, selon Vernazobres

Cette dernière se veut optimiste malgré tout. Si elle regrette que le temps des mesures réglementaires soit plus immédiat que celui des solutions qui permettraient de s’y adapter, elle veut croire en une évolution pertinente des cartographies, et à l’émergence de pratiques alternatives. Mais elle avertit : « Dans certains cas extrêmes, pour éviter que ces ZNT ne favorisent le développement non contrôlable de parasites (champignons ou cicadelles, notamment), c’est l’arrachage qui est envisagé. Si on n’y prend pas garde, l’accumulation de mesures de ce type pourrait rendre certaines exploitations peu attractives pour les repreneurs. Une part importante des viticulteurs gardois est amenée à partir à la retraite dans les dix ans à venir. »