Saipol vise au moins 300 000 tonnes d’oléagineux « bas GES » pour 2023
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Après le lancement, il y a six mois de sa plateforme OleoZE, Saipol a déjà contractualisé 10 000 tonnes de colza et de tournesol « bas GES » auprès d’agriculteurs et d’OS. Le triturateur français est le premier à avoir lancé une telle démarche et compte bien atteindre 300 000 tonnes de ces graines vertueuses d’ici à 2023, pour alimenter le marché des biocarburants.
La plateforme OleoZE lancée par Saipol en février répond à un double objectif : retrouver de la valeur pour les producteurs de colza en rémunérant les pratiques favorisant le stockage du carbone, et proposer des huiles avec de faibles émissions de GES pour un marché des biocarburants en forte croissance. Six mois après son lancement, 10 000 tonnes de graines oléagineuses ont été contractualisées sur la plateforme, majoritairement du colza mais aussi 600 tonnes de tournesol. Saipol espère atteindre les 300 000 tonnes à l’horizon 2023, soit environ 8 % de son sourcing sur ces espèces. « Nous pouvons imaginer que cet objectif sera dépassé. Sur les 3 Mt de colza actuellement collectées en France, la moitié est probablement déjà éligible », estime Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol, lors d’une conférence de presse le 15 septembre. À ce jour, 70 % des volumes enregistrés le sont par des organismes stockeurs, à l’image d’Axéréal, NATUP ou la SCAEL, le reste l’étant directement par les agriculteurs.
Des niveaux de primes en fonction des pratiques
L’agriculteur reçoit une prime en fonction de son itinéraire technique. Ces derniers mois, elle a atteint un maximum de 40 €/t et avoisine en ce moment les 35 €/t. Elle est mise à jour de manière hebdomadaire, en fonction du marché. Avec la nouvelle version du site, lancée mi-septembre, l’agriculteur peut rapidement estimer son gain. « Sur le simulateur de bonus GES, quatre questions ciblent ses pratiques : la mise en place de couverts ou d’interculture, la fertilisation organique sur la culture concernée, le rendement et l’utilisation ou non de charrue. Nous lui indiquons son profil de stockeur de carbone (novice, initié ou expert) ainsi que la prime maximum qu’il peut obtenir », explique Emelie Halle, responsable de la plateforme digitale chez Saipol. La conformité des pratiques « bas GES » est contrôlée par l’OS ou bien par l’agriculteur s’il contractualise directement sur la platefome. Il doit alors signer une auto-déclaration. Il sera audité par Saipol qui s’appuie sur les télédéclarations Pac ou le plan de fumure par exemple.
« Saipol est le premier et le seul triturateur en Europe à transformer des graines pour en faire des biocarburants à faible GES »
Christophe Beaunoir
Directeur général de Saipol
Jusqu’à 150 % de réduction de GES
À l’échelle de la ferme France, l’huile de colza n’est pas nécessairement la plus performante sur le plan des émissions des gaz à effet de serre. « Les biocarburants avancés et issus de graisses animales ou d’huiles usagées permettent de baisser considérablement les émissions de GES : entre 83 et 92 % par rapport au fossile. Les biocarburants conventionnels sont moins bons à cause de l’amont : 50 à 67 % pour le colza, 50 à 70 % pour l’huile de palme », souligne Romain Lebas, responsable du service durabilité et approvisionnement bas carbone chez Saipol. En revanche, ces résultats varient lorsque les pratiques culturales à l’échelle de la ferme sont prises en compte, comme sur OloeZE. « Dans certains cas, avec du semis direct par exemple, nous observons une réduction des émissions de GES pouvant aller jusqu’à 150 %, soit davantage de carbone stocké avec ces bonnes pratiques que les émissions de Saipol pour la production de biocarburant », poursuit le responsable.