Transition agroécologique, le Staff a « une carte à jouer »

Une activité sur-mesure, bien placée pour accompagner la diversification des pratiques et le déploiement de la transition agroécologique. Voilà le message adressé par le président du Syndicat des trieurs à façon de France, Staff, Sylvain Ducroquet, à l’occasion d’un point, organisé le 1^er juillet. « La demande en bio ne fait qu’augmenter depuis plusieurs années, les producteurs ne testent pas tous les mêmes choses et ont parfois des demandes spécifiques, nous avons une carte à jouer », indique-t-il.

Prestataires de la distribution agricole

Un constat qui s’appuie sur les résultats de l’enquête menée chaque année par le Staff auprès de ses adhérents, et dont les résultats étaient présentés ce jour. « L’un des enseignements principaux est la professionnalisation du métier, assure Sylvain Ducroquet. Le volume de semences traitées augmente. » Le cap des 5000 tonnes par entreprise, en moyenne, a ainsi été franchi. En dix ans, le volume moyen des chantiers est passé de quatre à huit tonnes. Une dynamique également poussée par la distribution agricole. « Au début des années 2010, les coopératives et les négoces ont vu leur part de marché sur les semences certifiées baisser et ont acheté des outils pour produire leurs semences de ferme, rappelle le président du Staff. Mais ce métier est très particulier et désormais, nous observons un mouvement inverse, avec l’externalisation de ces activités. Ce mouvement est récent mais il s’amplifie. »

78 % des trieurs interrogés sur les mélanges

Autre enseignement de l’enquête : l’intérêt grandissant pour la diversification des cultures, et les mélanges de semences. Le nombre d’espèces préparées est ainsi passer de cinq à douze, en dix ans. « 70 % des entreprises adhérentes ont massivement investi cette année pour améliorer leurs machines dans ce sens, mais aussi pour s’adapter aux demandes du bio ou de l’ACS », précise Sylvain Ducroquet. 78 % des trieurs ont ainsi indiqué avoir été interrogés sur le sujet des mélanges, l’année passée, par les agriculteurs. « Nous sommes en train de signer un partenariat avec l’Inrae, pour contribuer au programme de recherche MoBiDiv, centré sur le comportement des mélanges dans les fermes », indique le président du syndicat des trieurs à façon.

Dans Semae, « ne pas faire de la figuration »

Des évolutions qui s’inscrivent dans un contexte inédit, avec l’entrée du Staff au sein de l’interprofession des semences et plants, Semae, en début d’année, via la création d’une nouvelle section, la neuvième, dédiée aux semences de ferme. « C’est un sas d’entrée, une session d’accueil, pour que nous prenions connaissance de l’interprofession et de ce qui s’y fait », explique le président du Staff. » Si l’objectif affiché est bien à terme d’intégrer la section dédiée aux céréales à paille, ce dernier reste prudent sur cette perspective. « L’idée n’est pas de créer un ghetto dans l’interprofession, nous ne sommes pas là pour faire de la figuration, mais beaucoup de questions sont encore sur la table. » Celle du financement en est une. « Semae s’interroge beaucoup sur le financement de la recherche, la part de semences certifiées baissant, le budget n’est plus le même, souligne Sylvain Ducroquet. La question de la participation des semences de ferme se pose, je suis pour une décorrélation de ce financement avec la manière de produire. »

Dans l’attente de l’organisation de la première réunion de la neuvième section, Sylvain Ducroquet a profité de ce point pour lancer un appel aux organisations concernées par les semences de ferme, comme les Cuma, FNA ou la Coopération agricole pour créer un observatoire sur les semences de ferme au sein de Semae.