Agroécologie

LCA et l’Unifa donnent leur avis sur la Stratégie française pour l’énergie et le climat

Par Stéphanie Ayrault | Le | Politique agroécologique

Impact sur la réduction du cheptel, soutien à l’agriculture biologique ou encore compétitivité des fertilisants français : La Coopération agricole et l’Unifa donnent leur avis sur la Stratégie pour l’énergie et le climat. Elle comprend la SNBC (Stratégie nationale bas carbone) 3 et la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie). La concertation publique s’est achevée le 16 décembre 2024.

LCA et l’Unifa donnent leur avis sur la Stratégie française pour l’énergie et le climat
LCA et l’Unifa donnent leur avis sur la Stratégie française pour l’énergie et le climat

La concertation publique de six semaines sur la stratégie française pour l’énergie et le climat, comprenant la troisième version de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour 2030, et la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), s’est achevée le 16 décembre 2024. 363 contributions ont été relevées au 8 janvier 2025, dont celles de La Coopération agricole et de l’Unifa, Union nationale des industries de la fertilisation.

La contribution de LCA

  • « LCA partage l’objectif de développement de l’agriculture biologique, toutefois celui-ci doit se faire en lien avec les marchés, or le secteur traverse une crise inédite et l’ambition d’atteindre 21 % d’ici à 2030 paraît irréaliste au vu du contexte actuel. L’atteinte de cet objectif est conditionnée à une reprise des marchés bio et à une politique de soutien à la hauteur des enjeux.
  • La consommation des produits carnés étant stable, une baisse de cheptel entraînerait simplement une fuite de carbone. Enfin, la réduction du cheptel entraînerait des conséquences économiques lourdes sur toute la filière et dans les territoires. Pour toutes ces raisons, LCA s’oppose à ces hypothèses de baisse des cheptels dans le cadre de la SNBC.
  • Concernant l’augmentation des parts de cultures intermédiaires, les projections semblent réalistes. Elle répond à un double objectif : la captation de carbone et une production de biomasse. Aussi, les recherches variétales pour optimiser le potentiel génétique et agronomique pour les mélanges sont primordiales. Néanmoins, un encadrement des Cive pour assurer une production durable est à prévoir pour éviter les dérives. L’extension envisagée de l’obligation de cultiver des Cipan nous interpelle. Il faut éviter les leviers contraignants et préférer des incitations.
  • L’atteinte des objectifs de la PPE 3 implique de lourds investissements notamment pour l’électrification des usages et le passage à la biomasse. Aussi, les acteurs industriels nécessitent une stabilité et une visibilité du prix de l’électricité pour garantir de leur compétitivité à moyen/long terme et un cadre d’investissement pour réaliser leur décarbonation.
  • Mobiliser davantage les effluents d’élevage et les Cive pour la production de biogaz (matières qui n’entrent pas en concurrence avec les biens alimentaires) nous semble pertinente. Le premier gisement permet de concilier un levier de décarbonation de l’élevage, la production d’énergie décarbonée et de fertilisants organiques. La PPE 3 devra néanmoins apporter des précisions quant aux modalités de cette mobilisation des effluents notamment :
    • dans les zones éloignées des réseaux d’injections de gaz,
    • les évolutions de la transition ambitieuse de l’élevage bovin vers des systèmes plus herbagers. »

La contribution de l’Unifa

  • « L’Unifa estime que la SNBC 3 devrait mieux prendre en compte les enjeux de compétitivité, et de protection des entreprises entreprenant des efforts de transition bas carbone ou développant des produits en ce sens. La SNBC 3 doit être l’occasion de renforcer la souveraineté française et européenne dans le secteur des fertilisants et amendements, au service d’une agriculture performante et durable. Dans ce cadre, la SNBC devrait s’efforcer de mettre en place des réglementations nationales cohérentes avec les textes européens, évitant des surtranspositions et de la sur-réglementation qui nuisent à la compétitivité des produits français d’engrais. Les exigences disproportionnées augmentent les coûts de production et réduisent la compétitivité sur le marché international. »

La SNBC vise la neutralité carbone de la France d’ici à 2050 

Présentée le 25 octobre 2024, la SNBC vise la neutralité carbone de la France d’ici à 2050 et la limitation de l’élévation de la température à +1,5°C, selon les ambitions des Accords de Paris. Ses premières orientations font état d’un objectif de -50 % d’émissions brutes (-55 % d’émissions nettes) de GES entre 1990 et 2030, pour atteindre 270 MtCO2eq à cette échéance. Pour atteindre ce jalon, la baisse annuelle visée est de -5 % de 2022 à 2030.

Les émissions de l’agriculture représentaient, à elles seules, 78 MtCO2eq en 2022, soit 19 % des émissions brutes de la France. 59 % des émissions du secteur sont liées à l’élevage, 26 % aux cultures et 14 % à la combustion dans les engins, moteurs et chaudières des secteurs. L’exercice de modélisation de la SNBC 3 permet, à ce stade, d’atteindre 67 MtCO2eq pour le secteur de l’agriculture et un niveau de consommation d’énergie finale de 48 MtCO2eq à l’horizon 2030.