Agroécologie

Label biodiversité, « renforcer la compétence des conseillers », Quentin Gibert, Nouveaux Champs

Par Stéphanie Ayrault | Le | Projets de territoire

Le collectif Nouveaux Champs, à l’origine du label « Zéro Résidu de Pesticides », a dévoilé en février 2024 le label « Issu d’une ferme engagée sur la biodiversité ». Fruit de deux années de travail en collaboration avec l’association Noé, ce label vise à promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement et des écosystèmes. Quentin Gibert, chargé de son développement, revient pour Agro Matin sur cette initiative, ses objectifs et les défis à relever. Les premiers produits devraient arriver dans les rayons au premier semestre 2025.

Quentin Gibert, chargé de développement au collectif Nouveaux Champs - © Collectif Nouveaux Champs
Quentin Gibert, chargé de développement au collectif Nouveaux Champs - © Collectif Nouveaux Champs

Vous avez lancé le label le 21 février 2024 « Issu d’une ferme engagée sur la biodiversité ». De quoi s’agit-il exactement ?

Ce nouveau label repose sur quatre grands axes : la restauration de la biodiversité dans les activités agricoles, la réduction des pressions exercées sur les écosystèmes, la mobilisation et la sensibilisation des acteurs des filières agricoles, et enfin une communication claire et transparente à destination des consommateurs. L’objectif est de montrer que l’agriculture peut s’inscrire dans une démarche active de protection de la biodiversité tout en restant économiquement viable.

Pour cela, nous avons établi un cahier des charges très précis, comprenant quatorze indicateurs, qui permettent d’évaluer l’impact des pratiques agricoles sur les sols, la faune, la flore, mais aussi la gestion des intrants. Ces indicateurs seront vérifiés par un organisme indépendant. Nous voulons garantir une démarche crédible et transparente pour les consommateurs et les acteurs des filières.

Quand seront commercialisés les premiers produits labellisés ?

Les premiers produits devraient arriver dans les rayons au premier semestre 2025

Les premiers produits devraient arriver dans les rayons au premier semestre 2025, après le Salon de l’Agriculture. Deux filières, la viticulture et l’arboriculture, sont particulièrement en avance dans le programme Biodiversité.

Une vingtaine de producteurs s’engageront initialement dans cette démarche, afin de proposer les premières références en magasin. Par ailleurs, d’autres filières sont actuellement à l’étude, dans le but d’élargir l’offre et de proposer une diversité de produits aux consommateurs.

Quels sont les principaux défis rencontrés dans cette démarche ?

Cette initiative, à la fois prometteuse et ambitieuse, comporte des défis de taille. Tout d’abord, nous concentrons nos efforts sur le renforcement des compétences des conseillers techniques et des producteurs, dans le but de faire évoluer les pratiques agricoles vers des modèles plus durables. Nous abordons des thématiques essentielles telles que la diversité des cultures, la couverture et le travail du sol, l’usage des pesticides, ainsi que la gestion raisonnée de la fertilisation. Si tous les producteurs ne peuvent pas immédiatement obtenir le label, nous les accompagnons activement dans la transformation de leurs pratiques et travaillons à la mise en place des dispositifs de formation pour les soutenir dans cette démarche.

Un autre défi majeur réside dans la valorisation économique de ces produits.

Un autre défi majeur réside dans la valorisation économique de ces produits, dans un contexte où les consommateurs souhaitent des engagements forts, mais où la reconnaissance financière de ces efforts n’est pas toujours au rendez-vous. Pour les producteurs, c’est un vrai pari, car ils s’engagent sur des démarches nouvelles et parfois complexes. Nous espérons que ce label trouvera rapidement sa place auprès des consommateurs, afin de créer une dynamique vertueuse pour les producteurs et les filières.

Une vingtaine de producteurs s’engageront initialement dans cette démarche, afin de proposer les premières références en magasin. - © collectif Nouveaux Champs
Une vingtaine de producteurs s’engageront initialement dans cette démarche, afin de proposer les premières références en magasin. - © collectif Nouveaux Champs

Quelles sont vos priorités pour 2025 ?

Accompagner les agriculteurs dans la réalisation de diagnostics approfondis de leurs pratiques agricoles.

Pour 2025, notre priorité est de soutenir pleinement tous les producteurs désireux de s’engager dans cette démarche volontaire, en les accompagnant dans la réalisation de diagnostics approfondis de leurs pratiques agricoles. Un cabinet d’audit se chargera ensuite de procéder aux contrôles nécessaires avant l’apposition du label sur les produits.

Nous mettrons également un point d’honneur à respecter nos engagements en faisant entrer les premiers produits labellisés dans les rayons. Ce sera un signal fort pour montrer que ce projet est concret et viable. Par ailleurs, nous souhaitons mobiliser davantage de filières pour élargir l’offre de produits « Issu d’une ferme engagée sur la biodiversité ». Il s’agit d’embarquer de nouveaux producteurs, transformateurs et distributeurs pour garantir le succès de cette démarche.

Nous allons également continuer à consolider le label « Zéro Résidu de Pesticides  ». Bien qu’il ait rencontré un succès important à son lancement, ce label connaît une perte de vitesse dans le contexte actuel. Nous croyons toujours fermement à son potentiel et travaillons sur de nouvelles filières, comme les céréales avec Alpina Savoie ou encore les pommes de terre de l’île de Noirmoutier. Il est essentiel pour nous de sécuriser cette démarche et de la pérenniser.

Qu’est-ce qui caractérise le collectif Nouveaux Champs ?

Notre collectif est avant tout porté par les producteurs eux-mêmes. Ce sont eux qui s’engagent, prennent des risques et font avancer les démarches. Que ce soit pour le Zéro Résidu de Pesticides ou le nouveau label biodiversité, notre objectif reste de soutenir la transition agroécologique et la transformation des pratiques de production, tout en créant de la valeur ajoutée pour les producteurs. Nous veillons également à répondre aux attentes croissantes des consommateurs, en leur offrant des produits qui respectent à la fois l’environnement et leurs exigences de qualité. Nous sommes convaincus que pour construire une agriculture durable et performante, il faut concilier respect de l’environnement et viabilité économique.