Agrotendances

BASF, Foodpilot et Capgemini nouent un partenariat pour 20 Mt de cultures végétales en agroécologie

  • Paul Laillier
  • Le
  • Protection des cultures

Foodpilot, BASF France et Capgemini ont officialisé, le 25 février 2025, un partenariat pour accompagner la massification de la transition agroécologique à l’échelle nationale et continentale. Il vise à accompagner, sur les cinq prochaines années, la production de 20 Mt de cultures végétales, dont 10 Mt en France, dans le respect de normes et exigences environnementales.

Thomas Ruaudel, responsable des activités développement durable chez Capgemini, le 25/02/2025 - © News Tank
Thomas Ruaudel, responsable des activités développement durable chez Capgemini, le 25/02/2025 - © News Tank

« Nous pensons qu’en cinq ans, nous pouvons nous fixer un objectif raisonnable d’accompagner 20 Mt, notamment dans les grandes cultures : 10 Mt en France et 10 Mt dans le reste de l’Europe », indique Didier Livio, PDG de Foodpilot, le 25 février 2025 au Salon de l’agriculture. La plateforme officialise un partenariat avec BASF France - Division Agro et Capgemini pour accompagner la massification de la transition agroécologique à l’échelle nationale et continentale.

Portant sur les grandes cultures, les 10 Mt de productions françaises visées par les trois parties se composeront de la manière suivante :

  • 3 Mt de blé, dur et tendre (9 % de la production nationale) ;
  • 3 Mt de maïs (12 %) ;
  • 2 Mt d’orge, notamment brassicole (15 %) ;
  • 2 Mt de soja, notamment du soja importé.

« Nous allons déplacer le curseur entre concurrence et cofraternité : la concurrence restera entière sur les prix, sur les stratégies marketing, mais si nous voulons réussir durablement, il faudra faire plus de choses ensemble. Cela veut dire partager les bonnes pratiques agricoles, et partager les coûts de déploiement », selon Didier Livio.

« BASF apporte une expertise en R&D ; sans le concours en recherche et développement d’un grand acteur de la protection des plantes, ce ne sera pas possible parce qu’il nous faut des solutions agricoles durables pour demain. Capgemini nous apporte un renforcement technologique de la plateforme, notamment sur les questions de l’intelligence artificielle », estime le dirigeant de Foodpilot.

« Dérisquer et sécuriser une production agricole »

Selon Didier Livio, les trois partenaires partagent « trois convictions communes » :

  • « la première, c’est que, quoi qu’en pense Monsieur Trump, le réchauffement climatique est là et nous impose de repenser la nature de la production agricole, la résilience des filières agricoles, sa capacité à résister à la sécheresse, aux inondations, aux ravageurs. Si on s’en occupe comme aujourd’hui, l’humanité aura des problèmes d’alimentation demain ;
  • Le deuxième point important est que nous avions tous la conviction que, depuis 30 ans que l’agroécologie existe et se développe, toutes les filières d’essai et toutes les PoC ont été faites. Même s’il reste encore beaucoup de choses à comprendre des évolutions des filières agricoles, nous savons suffisamment de choses pour aller vers une véritable massification de la transition qui est la seule réponse à l’urgence climatique ;
  • la troisième conviction, c’est que nous pensons qu’il faut absolument accélérer et massifier. Ce n’est pas en multipliant les PoC que nous réussirons. Dans les filières, notamment de grandes cultures, nous avons à peu près en main les grandes pratiques qui font le basculement vers des productions durables, avec lesquelles ces filières peuvent devenir résiliantes. »

« En nous unissant tous les trois, nous pensons, par la capacité de recherche pour mettre en marché des nouveaux produits et des nouvelles techniques de BASF, par la capacité de conseil de Capgemini et par notre plateforme, dérisquer et sécuriser une production agricole », poursuit le PDG de Foodpilot.

Pour ce dernier, le derisking des filières agricoles passera par davantage de valeur, dans une combinaison entre le rôle des distributeurs, des consommateurs, des acteurs intermédiaires. L’ensemble de ces coalitions vers de nouveaux modèles économiques permettront de mieux rémunérer la matière première agricole et le travail des agricoles. « Sans ce dernier point, la massification que nous appelons de nos vœux n’arrivera pas », estime-t-il.

Didier Livio, PDG de FoodPilot, le 25/02/2025

Une prime adossée à des « allégations environnementales »

« Notre partenariat avec Foodpilot a un but technologique : nous ferons monter la plateforme data, qui va permettre de mesurer, tracer et justifier la performance environnementale, avec des solutions d'IA.

Pour Thomas Ruaudel, responsable des activités développement durable chez Capgemini, le derisking est lié au nombre d’agriculteurs qui s’engageront.  »Sur le lait, le porc ou le boeuf, nous savons qu’il va y avoir des réductions des volumes de production. Engager des filières sur le long terme, c’est une façon de rendre résiliente de nombreuses supply chains.« , indique-t-il.

L’une des mesures que les trois partenaires prévoit de mener est de  »qualifier et mesurer une prime environnementale « restituée à l’agriculteur, adossée à des allégations environnementales.  »L’objectif est de publier, d’ici à novembre, pour un premier set de matières premières en France, le coût de leur durabilité", déclare Thomas Ruaudel.