Agrotendances

Phyteis affiche un chiffre d’affaires et un volume de ventes à la baisse en 2024


Les 18 entreprises adhérentes de Phyteis ont réalisé, en 2024, un chiffre d’affaires total de 2,2 Md€, contre 2,4 Md€ en 2023 (-9,16 %), a annoncé le 13 février 2025 l’organisation professionnelle. En baisse structurelle depuis plus de 20 ans, le volume des ventes de matières actives poursuit sa lente diminution pour s’établir à 48 491 tonnes, contre 64 898 t en 2022 (-25,28 %). Seule la part des produits utilisables en agriculture biologique continue de croître.

Yves Picquet, président de Phyteis, et Emmanuelle Pabolleta, directrice générale - © News Tank
Yves Picquet, président de Phyteis, et Emmanuelle Pabolleta, directrice générale - © News Tank

Les 18 entreprises adhérentes de Phyteis ont réalisé, en 2024, un chiffre d’affaires total de 2,2 Md€, contre 2,4 Md€ en 2023 (-9,16 %), annonce l’organisation professionnelle des metteurs en marché de solutions de protection pour les productions agricoles, le 13 février 2025.

30 % de substances utilisables en bio, une « évolution tendancielle »

48 491 tonnes de matières actives ont été vendues aux distributeurs en 2023, contre 64 898 t en 2022 (-25,28 %). En baisse structurelle depuis plus de 20 ans, le volume des ventes a diminué de 38,3 % depuis 2008 (78 578 tonnes), année de lancement du plan Écophyto, et de 59,8 % depuis 1999 (120 502 tonnes).

30 % des volumes de substances actives vendues en 2023 sont utilisables en agriculture biologique. Hormis l’année 2022, durant laquelle cette part avait atteint un pic à 37 %, l’évolution de ce segment de marché est en constante augmentation sur les quinze dernières années : 22,1 % en 2010, 24,3 % en 2015, 25,1 % en 2017.

La part du biocontrôle dans le chiffre d’affaires de Phyteis est de 5,8 % en 2024, contre 3,8 % en 2018. « C’est une évolution tendancielle qui se confirme, sans voir non plus de rupture », indique Emmanuelle Pabolleta, directrice générale.

La répartition du chiffre d’affaires par catégorie de produit, pour sa part, reste stable sur l’année passée, à savoir :

  • 41,8 % de produits herbicides,
  • 32,3 % de produits fongicides,
  • 10,1 % de produits insecticides,
  • 15,7 % de produits divers.

En France, Phyteis réunit 5 000 salariés et 93 sites, dont 21 de production et 42 d’expérimentation. Elle représente 90 % du marché français des produits de protection des plantes.

Des enjeux réglementaires en France et en UE

Les représentants de Phyteis se sont positionnés sur des débats réglementaires en cours à l’échelle française et européenne. Sur la proposition de loi (PPL) Duplomb-Menonville, Yves Picquet a déclaré : « Si cette loi passe à l’Assemblée nationale, nous allons pouvoir redonner la possibilité de faire du conseil et ne pas laisser les agriculteurs sans solution. Dans la proposition actuelle, ce conseil serait redonné uniquement à la distribution et pas aux sociétés productrices. Or, toutes nos sociétés travaillent sur des outils d’aide à la décision (OAD) et ces derniers donnent justement des conseils aux agriculteurs pour utiliser les produits à bon escient. Si on ne peut pas utiliser ces conseils, c’est antinomique par rapport au but recherché. Nous allons travailler avec les autorités pour que, au moins avec les OAD, nous puissions donner des conseils aux agriculteurs. »

Sur le Comité des solutions, débuté par Agnès Pannier-Runacher et repris par Annie Genevard : « Ce travail est quasiment terminé. Chaque société a reçu ses devoirs pour faire avancer les homologations. À la suite de cela, la ministre a proposé la création d’un comité d’orientation, que nous soutenons absolument. Il permettra de fluidifier les demandes d’homologation pour permettre aux filières de ne pas tomber dans des impasses », estime le président de Phyteis.

Sur les NGT, « nous devons nous dépêcher d’offrir ces nouveaux outils aux agriculteurs. Nous avons eu, la semaine dernière, une proposition de la Pologne pour faire avancer le dossier : cela part dans la bonne direction, et nous sommes dans l’attente. Les ministres se réunissent demain à Bruxelles et nous espérons qu’ils seront à la hauteur de l’enjeu. En cas d’accord, le trinôme Conseil-Parlement-Commission pourra s’atteler à la rédaction d’un texte réglementaire, qui devrait sortir au plus tôt dans les six prochains mois et nous pourrions avoir l’espoir d’avoir une réglementation à horizon 2026 », attend Yves Picquet.

Sur le règlement (CE) 1107/2009 : « Nous souhaitons que la règlementation soit plus adaptée aux produits type biocontrôles et tienne mieux compte des caractéristiques particulières de ces produits. Ce qui nous paraît également très important est l’agilité de la réglementation : la mise à jour des documents guides d’évaluation prend beaucoup trop de temps et n’est pas assez en résonance avec les nouvelles technologies », juge, pour sa part, Philippe Michel, secrétaire général de Phyteis.

Le développement du digital

Yves Picquet a également évoqué le développement des étiquettes électroniques : « De plus en plus, nous allons faciliter l’accès aux données avec des codes sur les bidons pour permettre aux agriculteurs de disposer des dernières informations en tant et en heure. Ensuite, nous pourrons penser à des développements plus en amont avec, par exemple, la géolocalisation des pulvérisateurs, qui nous permettraient d’appliquer le bon produit au bon endroit. Ce sont des développements qui pourront advenir d’ici à 10 ans », prédit-il.

AgriGuide, le projet de digitalisation des données relatives aux produits de protection des cultures porté par CropLife Europe, est également au coeur des attentes. « Pendant trop longtemps, nous n’avons pas parlé de nos produits, de ce que nous faisions. Un outil comme AgriGuide permettra d’avoir cette transparence, sachant que ce produit est déjà en test cette année en Roumanie, en Italie et en Allemagne, sur différents segments de marchés », évoque Yves Picquet.