Le ministère précise les voies d’attribution des 146 M€ dédiés à l’anticipation des retraits de molécules
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Le 18 décembre, le ministère de l’Agriculture a précisé ses intentions concernant le plan d’anticipation des potentiels retraits de substances actives phytosanitaires, et ses 146 M€ de budget. Première étape : un appel à manifestations d’intérêt est lancé autour des plans d’action de chaque filière, afin d’aiguiller chaque plan vers l’un des deux dispositifs de financement et de pilotage mis en place.
Initié au printemps 2023, et pan à part entière du futur Écophyto 2030, le programme gouvernemental visant à anticiper les retraits de molécules phytosanitaires avance. Il a même, désormais, son intitulé : Parsada, pour « Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures ». Un budget de 146 M€ a été confirmé lors d’un comité inter-filière organisé le 18 décembre au ministère de l’Agriculture.
Un plan d’action pour chaque groupe de cultures
Comme précisé par Référence agro en juillet dernier, chacune des task-forces représentant un groupe de cultures (1) a ciblé un usage pour lequel les filières correspondantes identifient un risque d’impasse. Le groupe « grandes cultures » a par exemple retenu la gestion des graminées dans la rotation. Pour chacun de ces usages, les filières ont imaginé un plan d’action qui va être mis en avant dans un appel à manifestations d’intérêt ouvert depuis le 18 décembre, et jusqu’au 31 janvier.
Deux voies de financement pour le Parsada
L’idée est de recenser l’ensemble des partenaires susceptibles de contribuer a ces plans d’action : recherche, coopératives et négoces, maillons aval des filières, firmes phytopharmaceutiques, équipementiers, acteurs du conseil. En fonction des réponses à l’AMI, le comité scientifique et technique du Parsada, co-présidé par l’Acta et Inrae, agrégera les partenaires concernés par chaque plan d’action et les aiguillera vers l’un des deux dispositifs de financement prévus :
- Le premier, dédié aux problématiques les plus « ciblées », se traduira par des programmes directement pilotés par la DGAL, à l’image du PNRI pour gérer l’arrêt des néonicotinoïdes sur betterave, ou du plan de sortie du phosmet sur colza. Quatorze projets se partageront une enveloppe de 56 M€, à raison de 4 M€ par projet.
- Le second, pour les thématiques a priori plus « transversales », prendra la forme d’appels à projets gérés par FranceAgriMer. Les projets retenus via ces AAP bénéficieront d’un financement pouvant atteindre 7,5 M€.
Les filières battent le rappel de leurs partenaires
Les réactions glanées par Référence agro, suite au comité du 18 décembre, sont teintées de retenue. Les différentes interprofessions, interlocutrices privilégiées du gouvernement pour le Parsada, doivent désormais attendre de savoir à quelle sauce leur plan d’action va être mangé. Une attente qui n’est pas passive : chaque filière bat actuellement le rappel de ses partenaires habituels, les incitant à participer à l’AMI pour donner du poids à son propre plan d’action.
Le retour des interprofessions des filières grandes cultures en comité inter-filière est, en soi, un signal. Elles avaient en effet claqué la porte, en juillet. Selon nos informations, les représentants de ces filières restent réservés sur la méthode du gouvernement, estimant notamment le format appel à projets « lourd et incertain ». Le directeur général de Semae, Jean-Marc Bournigal, participant à la task force « semences et plants », se contente de noter que la réunion de lundi a permis « de faire la transparence » sur la suite des opérations. Laurent Grandin, président d’Interfel, se montre lui plus ouvertement satisfait : « Le compromis entre le budget, la méthode, le pilotage scientifique, nous convient, pose-t-il. Nous resterons toutefois vigilants sur la concordance entre le Parsada et la souveraineté de nos filières. »
(1) Grandes cultures ; fruits et légumes ; plantes à parfum aromatiques et médicinales et houblon ; vigne ; horticulture ; semences, filières ultra-marines, productions biologiques.