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Bio, débat sur les moyens de mieux préserver la biodiversité

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Le bio peut-il faire plus pour la biodiversité ? Et si oui, par quels moyens ? Le Synabio, syndicat des transformateurs et distributeurs de la filière, veut impulser une dynamique dans ce sens. Plusieurs témoins ont été invités, lors d’un séminaire organisé le 24 juin, à apporter leurs idées. Retour sur les débats.

Charles Pernin (délégué général du Synabio), Stéphanie Pageot (secrétaire générale de la Fnab), Joël - © D.R.
Charles Pernin (délégué général du Synabio), Stéphanie Pageot (secrétaire générale de la Fnab), Joël - © D.R.

Le Synabio se positionne clairement pour une agriculture bio toujours plus respectueuse de la biodiversité. Le syndicat des transformateurs et distributeurs de la filière bio l’a clairement exprimé lors d’un séminaire, le 24 juin. L’organisation a créé le débat sur les différents leviers à actionner pour aller encore plus loin. Les intervenants ont apporté plusieurs pistes de réflexion.

Inspirer la réglementation bio par des démarches pionnières

L’idée d’un travail volontaire, en dehors du cadre du cahier des charges bio, a ses adeptes. Stéphanie Pageot, la secrétaire générale de la Fnab, pense même que c’est la principale manière d’avancer. « Nous sommes déçus de l’impulsion que donne l’UE à la réglementation bio, dit-elle. Pour répondre aux exigences montantes du bio, dépassons donc le cadre. C’est déjà ce que la Fnab prône pour du bio plus équitable. » Charles Pernin, délégué général du Synabio, espère même que ce type de démarche finisse par faire bouger les lignes à Bruxelles. « La prochaine révision du règlement bio n’est pas pour tout de suite. Nous avons quelques années pour montrer, avec nos indicateurs par exemple, que nous pouvons être les garants d’une meilleure préservation de la biodiversité. »

Directeur de l’appui aux stratégies pour la biodiversité à l’Office français de la biodiversité (OFB), François Gauthiez aborde le sujet par un autre versant. « Il est crucial de mettre plus de biodiversité dans la formation des agriculteurs, qu’ils travaillent en bio comme en conventionnel d’ailleurs, avance-t-il. C’est le sens d’un partenariat entre l’OFB et la Direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) du ministère de l’Agriculture. » 

Les recherches appliquée et participative à la rescousse ?

Le sénateur (EELV) Joël Labbé propose lui aussi une approche différente, et complémentaire : la recherche. « L’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) manque cruellement de moyen ! peste-t-il. Il est pourtant le mieux placé pour montrer, scientifiquement, ce que le bio pourrait apporter, et apporte déjà, à la biodiversité. » 

Quant au président de la LPO Vendée, Frédéric Signoret, il complète la panoplie de solutions proposée avec une dernière suggestion : les sciences participatives. « Invitons les écoles, les consommateurs, les citoyens, dans nos parcelles bio, pour compter les papillons ou les oiseaux. Il est difficile pour les producteurs, très occupés, d’apporter eux-mêmes les données de leurs exploitations aux dispositifs participatifs existants, qui permettent pourtant une évaluation concrète de nos pratiques et de leurs aménités positives pour la biodiversité. Sensibilisons les consommateurs. En plus, ils s’en rappelleront au moment de choisir un produit bio en faisant les courses ! »

Commencer par valoriser les aménités actuelles 

Autre idée forte, soutenue par plusieurs intervenants : l’importance de reconnaître les bienfaits du label dans son cahier des charges actuel. Stéphanie Pageot, commente : « Même si on peut toujours faire plus, et qu’il est bon de chercher le progrès, je rappelle que pour la biodiversité, nous sommes mieux-disant que la HVE, par exemple. Nous ne valorisons pas assez nos atouts. » Joël Labbé abonde et, en tant qu’homme politique, estime que le lobby du bio manque de résonnance : « Certains syndicats « conventionnels » ont bien plus de poids. Pour moi, on ne peut soutenir la HVE que si c’est un préalable au bio. C’est un travail collectif que de défendre les aménités du label ! »