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Agroécologie, innovation, carbone, Agora met le cap vers 2030

Le | Cooperatives-negoces

Deux ans après son dernier point annuel avec la presse, la coopérative Agora a tiré un bilan plutôt positif de son exercice 2020-21. Alors qu’elle se projette sur 2030 via une feuille de route en cours de construction, avec un focus sur le carbone, la structure évoque quelques inquiétudes sur le plan logistique.

Thierry Dupont et Agnès Duwer, respectivement président et directrice générale de la coopérative Ago - © D.R.
Thierry Dupont et Agnès Duwer, respectivement président et directrice générale de la coopérative Ago - © D.R.

« Un bilan satisfaisant qui permet de se projeter » : voilà le bilan tiré par la coopérative Agora, lors d’un point organisé en amont de son assemblée générale, le 14 décembre. Prise de court par la crise sanitaire l’année dernière, la structure ne s’était alors pas adressée à la presse. En deux ans, les projets n’ont pas manqué. Depuis près de 18 mois, la coopérative travaille en effet à la construction de sa feuille de route pour 2030. « Dans un cadre d’évolution réglementaire, nous nous sommes demandés quel type d’agriculture , d’accompagnement nous voulions porter, indique Thierry Dupont, président d’Agora. Nous prônons une performance globale, économique, mais aussi sociale et climatique, afin de contribuer à rendre acceptable le caractère productif de l’agriculture, dont la première mission est de nourrir. »

Une présentation à venir dans les prochains mois

« Huit grandes réunions ont été organisées, avec pour objectif d’avoir une stratégie claire dans un contexte en forte mutation », résume Agnès Duwer, directrice générale d’Agora depuis le 1er juillet 2020. Si le document sera officiellement présenté au cours des prochains mois, lorsque l’organisation d’un événement en présentiel sera permis, ses grandes lignes ont été esquissées. « Trois principes porteurs ont été définis, à savoir la gouvernance coopérative, l’équilibre économique entre le court et le moyen terme, et le principe d’une responsabilité globale, précise Agnès Duwer. Ils seront traduits en cinq axes : l’agroécologie, l’orientation marchés, l’innovation, la relation adhérents et les partenariats. »

Montée en puissance sur le dossier carbone

Sur ce dernier point, la directrice générale cite l’exemple de la start-up Rize, que la coopérative a rejoint dans un projet « label bas-carbone », en grandes cultures, et qui s’incarne dans un nouveau pôle « Agrocarbone ». « Nous étions dans les starting-blocks bien avant que la méthodologie soit publiée en août, explique Agnès Duwer. Nous avons choisi de travailler avec Rize après avoir fait une analyse objective des différents partenaires potentiels. Rize souhaitait s’inscrire dans le label bas-carbone et dispose d’une agilité au niveau européen. » La stratégie carbone de la coopérative n’en est néanmoins qu’à ses prémisses, de l’aveu de l’équipe dirigeante. Menée par le pôle agroécologie créé fin 2020, elle s’appuie notamment sur un groupe pilote de trente adhérents, chez qui des « bons diagnostics carbone » sont en cours de réalisation. L’agroforum, prévu le 27 janvier prochain, sera sur le thème « En chemin vers une agriculture de carbone ».

Des inquiétudes sur la logistique

Malgré ces perspectives, la coopérative alerte sur une problématique logistique de plus en plus inquiétante. « Une journée de moisson nécessite le recours à 80 camions chez Agora. Si nous n’amenons par notre production à bon port, nous ne pourrons pas créer de valeur, insiste Agrès Duwer, qui cite l’explosion du coût du transport ou la pénurie de chauffeurs routiers. Il va falloir que nous nous emparons de ce problème structurel, car sans logistique nous sommes très fragilisés. » Dans ce cadre, la construction en cours du canal Seine-Nord Europe est considérée comme une opportunité. « La loi climat impose de doubler le transport fluvial d’ici à 2030, autant avoir des bateaux que des camions que nous ne trouvons pas  », résume Agnès Duwer. Reconnaissant l’opportunité du dispositif pour le territoire, Thierry Dupont reste néanmoins mesuré. « Ce sera une infrastructure structurante pour notre territoire mais pas dans huit ans, quand il est prévu que le canal ouvre, plutôt dans quinze ou vingt ans, quand nous en saurons plus sur la capacité du canal, son organisation logistique, quels volumes de céréales seront à transporter à cet horizon compte tenu des objectifs de Farm to Fork. Il y a encore des incertitudes. »

Une importante collecte en 2021

En ce qui concerne la collecte 2021, la coopérative se projette sur un chiffre frôlant le million, à 905 000 tonnes. « La collecte a été abondante en maïs, nous venons à peine de finir, explique Agnès Duwer. Les conditions ont fait que le maïs était humide, heureusement nous avions négocié notre contrat de gaz avant la hausse des prix, nous n’avons pas été en situation de pénurie. »

 

La coopérative Agora en quelques chiffres :

  • Chiffres d’affaires : 265 M€ (dont 74 M€ pour l’appro et les services)
  • Résultat net : 3 M€
  • 1,1 M€ redistribués aux adhérents
  • 874 461 tonnes collectées (-15,5 % par rapport à 2020, mais légèrement supérieur à la moyenne de 845 000 tonnes sur les 24 dernières années)
  • 4 200 tonnes de colza bas GES collectées