Culturales 2021, les distributeurs veulent créer de la valeur
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Après plus d’un an sans salon agricole, la 15ème édition des Culturales a été l’occasion pour les distributeurs, leurs adhérents et leurs fournisseurs, de se retrouver et de faire le point sur les grands enjeux du secteur. Au programme des coopératives et négoces : créer de la valeur ajoutée grâce aux certifications environnementales et au développement des filières.
C’est sous un soleil de plomb que le monde agricole s’est retrouvé, après plus d’un an de visioconférences et de distanciation sociale. Les Culturales ont pu se tenir les 15, 16 et 17 juin, à Bétheny près de Reims, grâce à un protocole sanitaire strict, incluant des tests antigéniques, qui pouvaient être réalisés sur place. Mais malgré les règles et les jauges imposées aux exposants comme aux visiteurs, le bilan est, pour tous les distributeurs, positif.
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Malgré une fréquentation modeste, due aux jauges et aux règles sanitaires, le bilan a été positif.[/caption]
Les Culturales : des retrouvailles attendues par le monde agricole
« Nos retrouvailles sont un vrai bouchon de champagne qui saute ! » sourit, Claude Vegas, responsable de la communication chez Vivescia. Un constat partagé par Grégoire Boyen, directeur général de Soufflet Agriculture, qui se réjouit d’avoir pu échanger avec les clients du groupe : « Rien que pour la joie de les revoir, la partie était gagnée d’avance ! »
Mais si l’enthousiasme était unanime, une légère frustration s’est faite sentir chez plusieurs distributeurs. Jérôme Perron, responsable commercial du négoce Asel, a regretté : « Il n’y a pas assez de monde, c’est décevant. Il fallait s’y attendre, entre la contrainte du test Covid à réaliser et les jauges, il y a eu un effet dissuasif, même si ces mesures étaient nécessaires ». Un sentiment partagé par une majorité d’exposants, en particulier le premier jour, où les allées des Culturales sont restées quasiment vides.
Préparer l’après-phyto grâce à la HVE et au bas carbone
Ce premier événement dans le « monde d’après » était l’occasion pour les distributeurs de prendre le pouls des préoccupations de leurs adhérents et de leurs clients. Pour tous les OS, le moral des agriculteurs est au beau fixe car « la plaine est belle » et les prix sont hauts. Mais les projections à plus long terme demeurent floues. « On prépare l’après-phyto », a confié Jean-Paul Dubois, directeur de la Coopérative de Juniville. Après avoir recruté un responsable environnement il y a trois mois, la coop vient d’entamer un cycle de réunions pour établir un plan d’action stratégique : « Nous discutons des opportunités de la HVE et du bas carbone », ajoute-t-il. Même dynamique au sein d’Asel, qui se donne un an pour développer une filière bio, la HVE et collecter du colza bas carbone en son nom propre. « Nous espérons aussi le développement de solutions de biocontrôle pour les grandes cultures », a ajouté Jérôme Perron.
Le biocontrôle est également un enjeu pour Acolyance Vigne, l’activité viticole de Cérèsia. Guillaume Rifflard, technico-commercial sur le secteur Aisne et Seine-et-Marne, a indiqué que la demande des acheteurs pour des produits respectueux de l’environnement était en forte augmentation : « Nous commençons à réaliser les bilans carbone des exploitations viticoles ». À la demande des acheteurs, le négoce se fournit aussi en produits locaux et développe une offre d’emballage en matières recyclées.
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Les 300 exposants ont investi les 20 hectares du site pour faire découvrir aux visiteurs leurs innovations.[/caption]
La coopérative Novagrain, a, pour sa part, obtenu ses premières certifications HVE pour 24 de ses adhérents le 11 juin, et ne compte pas en rester là. Mais pour valoriser les productions des adhérents, il est nécessaire de savoir ce qu’ils attendent de leur coopérative. « Les attentes ne sont plus les mêmes car les profils d’agriculteurs ont évolué et sont très différents les uns des autres, indique David Totel, directeur de la coopérative. Certains veulent un tarif haut sur la collecte, d’autres veulent être accompagnés sur des démarches qualité, tandis que quelques uns souhaitent notre aide pour accomplir des projets encore plus diversifiés ». Agritourisme, transformation, innovation,… les coopératives doivent se former pour répondre aux disparités croissantes des pratiques agricoles.
Développer les filières pour créer de la valeur ajoutée
Une diversité soulignée par Claude Vegas, de Vivescia : « Les agricultures coexistent et ne doivent plus s’opposer. Notre objectif est de répondre aux attentes de chacun, et que chaque exploitation trouve la solution qui lui permette de créer de la valeur ». Il y a deux ans, la coopérative n’était engagée que sur une dizaine de filières, et aujourd’hui, elle en exploite 25. Dernier contrat en date, signé il y a un mois et demi : Cœur d’Epi, une filière de blé boulanger en agriculture de conservation des sols, avec des prix garantis sur trois ans. Vivescia est également engagée avec Heineken et Malt Europe pour développer une filière bas carbone pour l’orge.
Soufflet a aussi choisi de valoriser ses filières, de la semence à la transformation. Sur son stand, le négoce a organisé des animations et des dégustations autour de la malterie et de l’orge brassicole, de la meunerie et de la panification, de la production et transformation des légumineuses et céréales. L’objectif, selon Grégoire Boyen, est d'accélérer le développement de filières qualité. « 100 % des agriculteurs sont prêts à s’engager dans une transition écologique, affirme-t-il. Mais souvent, les primes versées à l’agriculteur et à l’OS sont insuffisantes pour une économie durable. C’est un message à faire passer à l’aval ! » Le négoce se veut locomotive des transformations des pratiques agricoles : « La recherche se développe autour d’itinéraires culturaux qui tiennent compte de génétique, du soin des plantes, des émissions de carbone, etc. Nous ne travaillerons plus avec un intrant, mais avec des solutions qui, combinées, seront efficaces. » Le directeur général du négoce a affirmé que face à cet arsenal de solutions, Soufflet ferait le choix d’intensifier sa présence sur le terrain et d’apporter de nouveaux outils pour améliorer la valeur ajoutée.
L’innovation était au cœur de la rencontre, avec une diversification croissante des solutions proposées. Cérèsia a organisé son propre salon au sein même des Culturales. La coopérative avait organisé en 2019 Terre Innovation sur le site de Bétheny, qui avait regroupé une centaine d’exposants. L’édition 2020 n’avait pas pu se tenir en raison du contexte sanitaire, mais la coopérative a profité de la tenue des Culturales pour y intégrer la nouvelle édition de Terre Innovation. Sur un espace de 500 m², elle a présenté ses filières : viticulture, élevage, robotique, méthanisation, etc. Cérèsia hébergeait en outre la Coopération agricole Hauts-de-France et la coopérative Valfrance, ses partenaires dans le projet BIP Colza, qui consiste à développer une nouvelle filière de paille de colza pour la fabrication de matériaux biosourcés pour le bâtiment.
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Retrouvez en image les stands des distributeurs présents aux Culturales 2021 :