Dans l’Ouest, des inquiétudes sur le conseil stratégique
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Après la mise en place de la séparation de la vente et du conseil sur les produits phytosanitaires chez les coopératives et les négoces, l’heure est à la formalisation du conseil stratégique. Des inquiétudes commencent à se faire sentir car les structures habilitées à prodiguer ce conseil sont encore peu nombreuses. Témoignages de Négoce Ouest et de la Chambre d’agriculture de Bretagne.
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Vincent Bernard, délégué régional de Négoce Ouest.[/caption]
« La mise en place du conseil stratégique est un point de vigilance pour nous : ce sera le dossier majeur de 2022. » Vincent Bernard, délégué régional de Négoce Ouest, ne cache pas ses inquiétudes : « À ce stade, il est complexe d’orienter les agriculteurs vers des structures qui feraient le conseil stratégique, car nous n’y voyons pas clair. » En effet, le conseil stratégique sera obligatoire à raison de deux fois tous les cinq ans. « Les exploitants devront en avoir réalisé un d’ici au 31 décembre 2023, poursuit-il. Certes, les chambres se sont positionnées, mais cela ne semble pas aussi simple qu’il n’y paraît, d’autant que tous les négociants sont partis sur la vente. »
Les distributeurs représentaient 80 % du conseil phyto
Du côté des chambres d’agriculture, le constat est partagé. « En Bretagne, aucun distributeur ne fera le conseil stratégique auprès des agriculteurs, indique Élisabeth Congy, en charge de la séparation de la vente et du conseil à la Chambre d’agriculture de Bretagne. Or, ces derniers réalisaient 80 % du conseil sur les produits phytosanitaires. Ce qui restreint le champ des opérateurs potentiels ». L’inquiétude des professionnels sur le conseil stratégique est justifiée, selon la Chambre. « Nous ne savons pas encore à quels niveaux vont s’engager les autres structures, comme les conseillers privés, les contrôles laitiers ou encore les Centres d’économie rurale. Ils le feront sans doute auprès de leurs clients. »
Les chambres ne pourront pas toucher tout le monde
Les chambres d’agriculture réaliseront bien des conseils stratégiques. « Mais la dimension de nos équipes spécialisées en agronomie ne permettra pas de toucher tout le monde, reconnaît Elisabeth Congy. Nous estimons le potentiel sur la Bretagne à environ 20 000 exploitations. La Chambre estime pouvoir toucher la moitié des exploitations bretonnes d’ici au 31 décembre 2023. » Un objectif qui nécessitera déjà de renforcer les moyens, notamment humains. « Nous recherchons à recruter sur ces postes, mais c’est le calme plat au niveau des candidatures, ajoute-t-elle. Un travail est en cours au niveau du réseau des chambres d’agriculture pour recenser les moyens disponibles et nécessaires à la mise en place du conseil stratégique : nous ne nous interdisons rien ! »
La séparation de la vente et du conseil déjà entrée dans les mœurs
La mise en place de la séparation et de la vente du conseil phytosanitaire s’est, de son côté, globalement bien passée chez les négoces de l’Ouest de la France. « Certes, nous avons eu des délais très courts entre la sortie des textes et la mise en place opérationnelle dans les entreprises, poursuit Vincent Bernard. Les pistes que nous avions anticipées étaient les bonnes. Un des points les plus complexes était les limites à ne pas franchir dans les discours au moment de la vente. C’est désormais entré dans les mœurs. »