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Eureden confirme sa volonté d’expansion

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Malgré la crise de la Covid-19, le groupe breton Eureden maintient les objectifs depuis sa création, à savoir atteindre les 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2027. En conférence de presse, le 10 décembre, la coopérative a présenté les voies de sa stratégie d’expansion.

Eureden confirme sa volonté d’expansion
Eureden confirme sa volonté d’expansion

Eureden ne compte pas s’arrêter là. Issue de la fusion entre le groupe D’aucy et Triskalia, la coopérative bretonne a confirmé ses ambitions, le 10 décembre lors d’une conférence de presse positionnée juste quelques heures avant son assemblée générale. Si le groupe a réalisé sur la campagne 2020-21, un chiffre d’affaires de 3,1 milliards d’euros, elle vise les 5 Mds € pour 2027 et un Ebitda de 150 M€ d’ici à 2023. Pour y arriver, Eureden mise sur la croissance externe de toutes ses activités.

Des PME de 50 à 150 M€

« Nous recherchons des sociétés complémentaires dont le chiffre d’affaires est compris en 50 et 150 M€ et qui, de préférence, apportent d’autres marques », explique Alain Perrin, directeur général d’Eureden. La structure a également défini « un projet ambitieux pour aller vers les leviers de croissance et offrir des débouchés aux adhérents ». À l’écoute des attentes des consommateurs, elle entend investir dans des tendances durables. « Nous ne voulons pas être obligés de déclasser des produits, comme c’est le cas aujourd’hui pour les œufs bio », insiste Serge Le Bartz, président d’Eureden. Le digital devrait aussi être un levier précieux pour remplir les objectifs. « Nous avons une équipe de huit data scientifiques qui évangélisent nos branches industrielles et font émerger de nouveaux projets, explique Alain Perrin. Nous travaillons également avec des partenaires publiques et des start-up dans ce domaine. »

Les dispositifs de solidarités actionnés

Pour l’heure, le chiffre d’affaires est relativement stable, à 3,1 Mds€. La différence avec les 3,2 Mds € de l’année précédente s’explique par la sortie de Ronsard du périmètre. Toutefois, les activités n’ont pas toutes connu le même succès. Les productions animales sont en tension avec une diminution de la consommation de la viande. La filière œuf a souffert de la baisse de la restauration hors foyer liée à la crise de la Covid-19. Les légumes ont également enduré un contexte climatique peu favorable et  des ravageurs difficiles à maîtriser : certains producteurs de haricots ont perdu plus de la moitié de leur récolte. Dans ce cadre, la coopérative a actionné des leviers de solidarité. En légumes, l’intégralité de la caisse de péréquation a été reversée aux producteurs, soit 2,8 millions d’euros. « Nous répondons avec des solutions financières mais il nous faut avant tout de vraies alternatives aux impasses phytosanitaires », a insisté Serge Le Bartz.  25 M€ d’avance de trésorerie et de prêts ont par ailleurs été mobilisés.

Belle embellie sur la distribution verte

En revanche, l’activité de distribution verte a connu une belle progression. Si elle ne représente que 9 % de l’activité d’Eureden, elle a pesé 24 % de l’Ebitda de l’exercice. « Ce fut une année exceptionnelle avec des français qui réhabilitent l’activité de jardinage, le bricolage et qui ont adopté des animaux de compagnie, explique Alain Perrin. Reste à savoir si cela va perdurer. »

Lors de cette campagne, Eureden a investi 60 M€. Outre les investissements de remplacement, 8 M€ servent à l’extension des capacités, 7 M€ sont dédiés à l’amélioration de la productivité et 6 M€ vont vers la prise en compte de l’environnement. Pour l’exercice en cours, 74 M€ d’investissement sont prévus, pour financer plus de 450 initiatives.

À la recherche d’alternatives aux phytosanitaires

Côté production, la coopérative poursuit sa stratégie « Cultivons autrement » initiée en 2020 pour cinq ans, avec pour objectif de réduire l’usage des pesticides. « Le maintien de notre chiffre d’affaires phytosanitaires n’est pas un enjeu pour nous car nous avons acté cette baisse dans notre feuille de route », explique Alain Perrin. Pour l’heure, les solutions alternatives représentent un très faible pourcentage de cette activité.  « Nous voulons des solutions et des itinéraires qui puissent au moins conserver 85 % de la productivité », précise Serge Le Bartz. Eureden avance quelques chiffres sur cette démarche : douze groupes de progrès rassemblent 180 producteurs, près de 7 % des surfaces sont cultivées avec des solutions alternatives et 900 hectares de cultures sont désherbés mécaniquement. La totalité des exploitations de légumes a une certification environnementale et 31 sont certifiées Haute valeur environnementale, HVE, sous la marque D’aucy. « A chaque bocal « Bien Cultivés » acheté, la marque D’aucy s’engage à reverser aux producteurs cinq centimes supplémentaires pour financer la transition agricole », précise Alain Perrin.

Renouveler les générations

Reste que pour tenir ses objectifs, Eureden a besoin d’agriculteurs ! Or, elle dénombre pas moins de 1000 départs par an, sur un total de 20 000 adhérents. Au cours des dix prochaines années, la moitié des agriculteurs partiront à la retraite. S’ils ont initié un travail pour motiver les jeunes à s’installer, les dirigeants d’Eureden sont lucides : tous les départs ne seront pas remplacés. « Nous visons une installation pour trois à quatre départs », précise Serge Le Bartz.

Autre défi, à plus court terme, pour les prochaines semaines : les négociations commerciales. Eureden s’attend à des discussions complexes avec la grande distribution, malgré l’adoption de la loi Egalim 2. « Nous n’avons jamais connu de telles hausses de nos coûts de production que nous allons essayer de répercuter sur l’aval, indique Alain Perrin. Nous allons connaître des négociations hors normes. »

 

Eureden, les chiffres 2020/21

  • CA de 3,1 Mds €, réalisé à 55 % sur l’amont et 45 % sur l’aval
  • Ebitda de 94,8 M€
  • CA de la branche agriculture : 1,6 Md €
  • 1,094 Mt de céréales collectées (- 17,1 %)
  • 287 508 t de légumes industries (+ 3,2 %)
  • 34 067 t de pommes de terre (+ 4,4 %)
  • CA agrofournitures : 210,9 M€ (- 0,1 %)
  • CA agroéquipements : 43,197 M€ (+ 2,9 %)
  • CA distribution verte : 267 M€ (+ 17,3 %)