InVivo-Soufflet, et après ?
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Deux semaines après l’annonce du possible rapprochement entre InVivo et Soufflet, de nombreuses questions subsistent. Qui sera aux manettes de l’entité Soufflet ? Risque-t-on une vente à la découpe de l’activité terrain du négoce ? Qui pour la racheter ? Que va devenir le projet de station de semences qui unit Soufflet et Actura ? Quelques pistes de réponses.
L’annonce, le 13 janvier, de la possible reprise de Soufflet par le groupe InVivo a fait couler beaucoup d’encre. L’intérêt pour la coopération de structurer des filières dans l’industrie des grains (meunerie, malterie…), puissantes en France et à l’international, ne semble pas faire de doute. En revanche, l’impact de cette fusion sur le terrain, sur les agriculteurs, a généré de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. Des questions et… peu de réponses. Les deux futurs partenaires restant pour l’heure discrets quant à la mise en musique de leur projet. Même si Jérôme Calleau, le président délégué d’InVivo nous précisait, le 14 janvier, qu’« aucun point de blocage majeur n’avait été identifié » pour que les autorités de la concurrence valident ce rapprochement, la présence, sur le terrain historique de Soufflet, de coopératives possédant elles aussi d’importants outils industriels, pose question.
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Pour l’agro-économiste Jean-Marie Séronie, « la solution pourrait être qu’InVivo vende, à la découpe, l’activité terrain de Soufflet ».[/caption]
Qui pour concurrencer ce géant ?
« InVivo n’est pas présent sur le terrain, rappelle Jean-Marie Séronie, agro-économiste indépendant. Mais les coopératives adhérentes de l’union, oui. Et celles présentent sur les territoires couverts par Soufflet ne sont pas les plus petites, à l’image de Vivescia, Axéréal, Agrial ou Terrena. InVivo va-t-elle devenir concurrente de ses coopératives de base ? La solution pourrait être qu’InVivo vende, à la découpe, l’activité terrain de Soufflet. Qui alors pour racheter les silos, les sites portuaires, les usines ? Des négoces, des coopératives ? Allons-nous assister à une rationalisation des outils ? Et comment, dans ce cas, préserver l’infrastructure terrain ? »
L’occasion de créer une structure nationale de conseil ?
Ces dernières années, Soufflet a investi dans la R&D, dans le conseil, le numérique… InVivo, déjà présente sur le digital, notamment au travers de la plateforme de e-commerce aladin.farm, devrait donc se renforcer dans ces domaines. « Et pourquoi ne pas créer une structure nationale spécialement dédiée au conseil ?, se demande Jean-Marie Séronie. Avec la mise en place de la séparation du conseil et de la vente, c’est le moment d’innover en matière de conseil car la demande est forte. L’occasion aussi de rallier les compétences en conseil de certaines coopératives et de l’équipe de Soufflet ! »
Que vont faire les agriculteurs, clients de Soufflet ?
Autre question soulevée par cette annonce : la réaction des clients de Soufflet, fervents défenseurs, pour la plupart, de la spécificité négoce. « Des agriculteurs, viscéralement attachés au secteur privé, pourraient rejoindre d’autres négoces, faisant dès lors le bonheur de structures de taille plus modeste, poursuit-il. Il est également envisageable que dans certains secteurs, il n’y ait plus aucune concurrence face au colosse créé par Soufflet/InVivo. » La montée en puissance du e-commerce est fort probable et pourrait devenir une alternative pour les achats d’intrants dans un maillage coop/négoces redessiné.
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Eric Barbedette, directeur du réseau Actura, n’exclut pas de chercher un nouveau partenaire.[/caption]
La station de semences d’Actura verra le jour… avec ou sans Soufflet
Dernier point et pas des moindres, quel avenir pour le projet de station de semences acté en avril 2019 entre Actura et Soufflet ? « Pour l’heure, rien n’est décidé, confie Éric Barbedette, directeur du réseau Actura. Mais ce projet reste pour nous stratégique. Avec ou sans Soufflet, nous le mènerons au bout. Nous aviserons en fonction des choix de chacun sur le besoin, ou non, de chercher un nouveau partenaire. » Pour rappel, les deux structures avaient créé une société, Agrasem, à 50/50, pour porter la construction de cette usine de 50 000 t de capacité par an. « Le début de production était prévu pour 2022, précise-t-il. Ce sera peut-être pour 2023 désormais ». Alors que les travaux n’ont pas encore commencé, le lieu d’implantation de l’usine reste toujours secret !