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Pierre-Adrien Flages, COC, « sur le marché des huiles, la disponibilité est désormais plus importante que le prix »

Le | Cooperatives-negoces

Face à la pénurie d’huile de tournesol, les industriels de l’agro-alimentaire se tournent vers l’huile de colza. Dans l’usine de Chalandray de Centre Ouest Céréales (86), les demandes affluent. Le site tourne à plein régime. Des commandes et une logistique sans cesse remaniées. Dans un contexte de marchés hyper volatiles, Pierre-Adrien Flages, le directeur général adjoint, nous confie que le risque « disponibilité » a désormais remplacé le risque prix.

Pierre-Adrien Flages, COC, « sur le marché des huiles, la disponibilité est désormais plus importante que le prix »
Pierre-Adrien Flages, COC, « sur le marché des huiles, la disponibilité est désormais plus importante que le prix »

L’Ukraine, premier exportateur de tournesol, ne livre plus. Faute d’huile de tournesol, les industriels de l’agro-alimentaire français se tournent vers le colza. « Effectivement, depuis le début de la guerre, de nombreux clients, nouveaux ou anciens, s’adressent à nous pour s’approvisionner en huile de colza car ils souhaitent remplacer, dans leurs recettes, l’huile de tournesol, confirme Pierre-Adrien Flages, directeur général adjoint de Centre Ouest Céréales. Et ce, d’autant plus que le gouvernement vient d’autoriser les industriels à faire évoluer leurs recettes sans changer leurs emballages. Depuis deux semaines, les demandes sont encore plus nombreuses. »

Chaque semaine, entre 10 et 15 % des volumes sont réattribués

L’outil de raffinage de Chalandray tourne à plein régime pour produire de l’huile de colza. « C’était déjà le cas avant la guerre mais là, il n’y a plus aucun temps morts. Car si les nouvelles demandes affluent, certains clients sont quant à eux contraints d’annuler leurs commandes, faute de disposer de tous les ingrédients pour élaborer leurs produits finis. C’est le cas de biscuitiers qui ont du mal à se fournir en œufs par exemple. L’impact de la grippe aviaire et le dépeuplement des élevages se fait également sentir à notre niveau. Au final, chaque semaine, entre 10 et 15 % des volumes sont réattribués : les volumes annulés satisfaisant les demandes d’autres clients. En interne, cela nécessite une réorientation permanente des flux, une réaction et une adaptation rapide de nos équipes. » Pour rappel, l’usine produit près de 30 000 tonnes d’huile de colza raffinée par an, dont 98 % sont destinés à l’alimentation humaine.

Les clients veulent sécuriser leurs appros, quel que soit le prix

« Aujourd’hui, chez COC, le carnet de commandes est plein jusqu’en fin d’année, confie-t-il. Jusque-là, ce qui dictait les achats, c’étaient les prix ! Les commandes se passaient parfois dans l’urgence, au dernier moment. Là, même si le cours des matières premières est encore très haut, la stratégie des clients a changé : ce qu’ils veulent, c’est sécuriser leurs achats, quel que soit le prix. Car les pénuries commencent à se faire sentir dans de nombreux domaines. Ceux qui ont des usines à faire tourner, en alimentation humaine ou animale, doivent avoir à disposition tous les ingrédients. »

Fabriquer de l’huile de tournesol ?

Le site de Chalandray a déjà, par le passé, fabriqué de l’huile de tournesol. « Cette pratique demande d’adapter notre outil, surtout si, en parallèle, nous continuons à produire de l’huile de colza, explique-t-il. Cela nécessite de doubler les lignes de production, les bâtiments de stockage… Les contraintes et les investissements sont réels. Mais face aux nombreuses demandes, nous restons en veille sur le sujet. Nous attendons de voir comment va évoluer la situation géopolitique. »