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Une ruée vers les phyto avant la hausse de la RPD est peu probable, selon LCA

Le | Cooperatives-negoces

Fin 2018, les agriculteurs avaient fait d’importants stocks de pesticides, afin d’éviter la hausse de la RPD appliquée en 2019. Ce phénomène ne devrait pas se reproduire en cette fin d’année, en tout cas pas dans les mêmes proportions, à en croire Antoine Hacard, président de LCA-métiers du grain.

Une ruée vers les phyto avant la hausse de la RPD est peu probable, selon LCA
Une ruée vers les phyto avant la hausse de la RPD est peu probable, selon LCA

La hausse de la redevance pour pollution diffuse (RPD) en 2024, prévue dans le cadre du prochain projet de loi de finances, agite le secteur agricole. Pourrait-elle créer un effet d’aubaine sur la fin d’année 2023, incitant les agriculteurs à acheter leurs produits phytosanitaires en avance, avant que l’augmentation ne s’applique ? Un tel cas de figure s’est déjà produit : en 2019, année de hausse de la RPD, les chiffres de ventes avaient été historiquement bas (-36 % par rapport à 2018), les exploitants ayant fait d’importants stocks en 2018 (+20 % par rapport à 2017).

Pas assez de temps pour de nouvelles commandes…

Antoine Hacard, président de Cérésia et de LCA-métiers du grain, pense toutefois que ce scénario est assez peu probable. « Les chaînes logistiques sont assez longues, avec une production en Asie pour certains produits, explique-t-il. Il ne reste pas assez de temps pour faire de nouvelles commandes d’ici au 31 décembre. » L’effet d’aubaine s’appliquerait donc surtout sur les produits déjà référencés dans les entrepôts des coopératives.

… peu de stocks chez les distributeurs

« Or, les stocks sont relativement faibles, explique-t-il. Les produits phytosanitaires sont conservés sur des sites classés Seveso II, où les normes font que plus les volumes stockés sont importants, plus cela revient cher pour le distributeur. » Il ajoute que stratégiquement, faire des stocks est risqué en raison de possibles interdictions ou changements d’AMM. Il estime ainsi qu’au mieux, les coopératives auraient en réserve l’équivalent de 10 % des volumes de produits phytosanitaires utilisés dans l’année. Le président de LCA-métiers du grain estime ainsi que le phénomène d’achats anticipés sur cette fin 2023 devrait rester « marginal ».

Hausse de la RPD, effet indirect sur la collecte ?

Si Antoine Hacard pense que cette hausse de la RPD n’aura pas de réel impact organisationnel sur le fonctionnement de la distribution, il s’inquiète davantage pour l’activité de collecte. « Cette hausse de la RPD, c’est une nouvelle mesure franco-française qui pourrait inciter les producteurs à moins traiter, avec des effets sur les volumes et la qualité », regrette-t-il.