Référence agro

L’AGPB craint la hausse des coûts de production

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L’Association générale des producteurs de blé, AGPB, tenait une conférence de presse le 8 septembre. L’occasion de dresser le bilan d’une moisson particulièrement précoce, et d’aborder les sujets d’actualité de la rentrée, tels que le revenu des agriculteurs, le prix des engrais et le rapprochement avec les filières d’élevage.

De gauche à droite : Philippe Helleisen, directeur général, Eric Thirouin, président, Philippe Heuse - © D.R.
De gauche à droite : Philippe Helleisen, directeur général, Eric Thirouin, président, Philippe Heuse - © D.R.

« Nous poussons un « Ouf » de soulagement, déclare en introduction Philippe Heusele, secrétaire général de l’AGPB. Les conditions climatiques, chaudes dès le printemps, faisaient craindre le pire, mais la production globale de blé tendre, estimée à 33,6 Mt, est assez proche de la moyenne quinquennale 2017/2021. » Le rendement de blé tendre atteint 71,6 q/ha, en baisse de seulement 1,4 % par rapport à l’année dernière.

Le blé dur en forte baisse, les orges se maintiennent

Pour le blé dur, le choc est plus rude, avec une diminution de 8,4 % des rendements, à 50,7 q/ha. « La récolte, décevante, est de 1,3 Mt », indique Philippe Heusele. Les orges, récoltées avant les fortes chaleurs, s’en sortent bien, avec des rendements à 69 q/ha pour les orges d’hiver, en hausse de 6,7 % pour une récolte à 8,87 Mt, et des rendements à 61,3 q/ha pour l’orge de printemps, en hausse de 2,8 %, pour une récolte à 3,43 Mt.

« En termes de qualité, l’ensemble des débouchés nationaux et internationaux devrait être couvert, précise Philippe Heusele. En raison de la chaleur et de la sécheresse, il n’y a pas eu de problèmes de germination. » Comme indiqué par Agritel, les cultures du Nord du pays, qui ont obtenu de bons rendements, affichent un taux de protéine en dessous du cahier des charges « Les prix et le manque de disponibilité de l’azote ont pu conduire certains agriculteurs à lever le pied sur la fertilisation en fin de cycle », pointe Philippe Heusele. Les blés déclassés pourront partir en fourrager. Pour autant, la situation des éleveurs demeure préoccupante, le prix de l’aliment pour bétail étant en nette augmentation.

L’AGPB préconise une contractualisation entre céréaliers et éleveurs

C’est pourquoi l’AGPB a lancé un projet de rapprochement entre les filières végétales et animales. « Toutes les associations de production de la FNSEA sont concernées, a indiqué Éric Thirouin à Référence agro. Mais l’AGPB et la filière porcine sont moteurs depuis notre congrès, en juin dernier. » L’AGPB propose une contractualisation pluriannuelle entre céréaliers et éleveurs. « Les céréaliers vendraient leurs productions peut-être un petit peu en dessous des prix du marché au début, mais après un temps, ils pourraient devenir gagnants, précise le président de l’association. Le contrat, tripartite ou quadripartite, devra être réalisé par la coopérative ou le négoce. Ce sont les organismes stockeurs qui connaissent leurs adhérents et savent quel est le seuil pertinent pour les uns et les autres. »

Un revenu hétérogène et soumis aux augmentations de charge

Malgré des revenus pour les céréaliers qui peuvent être bons, notamment grâce à une augmentation de 50 % du prix du blé, les charges ont, elles aussi, augmenté, le prix de l’azote ayant été multiplié par trois. Selon l’AGPB, le prix de revient du blé est passé de 160 €/t à 260 à 280€/t. « Dans ma ferme, j’ai reçu des propositions de prix pour ma récolte à 290, 295 €/t, abonde le président de l’association. Nous ne sommes pas loin de l’effet ciseaux, lorsque le prix payé à l’agriculteur et les coûts de production se rejoignent. »

Et si le revenu des cultivateurs est globalement en hausse, après huit ans, de 2013 à 2021, où il était en moyenne à 6000€/an, il connaît des disparités très importantes. « Dans un même département, il peut y avoir des revenus qui vont du simple au quintuple, en fonction du passage, ou non, d’un orage, qui a pu sauver la récolte », pointe Éric Thirouin.