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La filière luzerne déshydratée présente son plan stratégique pour 2026

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Après dix mois de travail, la Coopération Agricole - Luzerne de France a présenté, le 4 mars, les grandes lignes de son plan stratégique pour 2026. L’axe environnemental du document est particulièrement fourni, avec l’ambition de quantifier les aménités de la filière, pour bénéficier de compensations dans le cadre de la prochaine Pac ou via des PSE au niveau national.

La filière luzerne déshydratée présente son plan stratégique pour 2026
La filière luzerne déshydratée présente son plan stratégique pour 2026

Depuis 2019, la filière luzerne déshydratée milite pour la reconnaissance financière, à hauteur d’au moins 200€/ha, des services environnementaux rendus par la culture. Une position centrale dans le plan stratégique de la filière pour 2021-2016, présentée le 4 mars. « Nous voulons être porteurs de paiements pour services environnementaux, clame Benoît Vachez, membre du conseil d’administration de Luzerne de France. C’est tout l’objectif de ce plan stratégique : quantifier et prouver l’existence des aménités environnementales de la luzerne. » Si une partie de ces services est aujourd’hui directement valorisable, ce n’est pas encore le cas de la biodiversité, de l’IFT, de la qualité de l’eau ou de la lutte contre l’érosion, souligne le rapport. La filière souhaite bénéficier des ecoschemes de la prochaine Pac, dont une première liste de pratiques potentiellement éligibles a déjà été diffusés, mais aussi de PSE au niveau national, notamment dans le cadre du label Bas-carbone. « Nous voulons montrer aux décideurs politiques et de l’administration notre capacité à répondre aux enjeux de demain », poursuit Benoît Vachez. Car pour l’heure, la filière souffre d’un manque de compétitivité. « Le seul marché ne permet pas de bien rémunérer les agriculteurs », souligne Olivier Morant, membre du conseil d’administration de Luzerne de France.

Réduire les émissions de carbone

Le plan stratégique est issu d’un travail collectif et collaboratif piloté par la Coopération Agricole - Luzerne de France et nourri par de nombreux échanges avec les parties prenantes et des experts indépendants. L’axe environnemental regroupe la majorité des neuf objectifs stratégiques de la feuille de route. Parmi eux : développer les techniques alternatives de cultures en s’appuyant sur les nouvelles technologies, promouvoir la R&D sur l’atténuation des émissions atmosphériques ou mettre en œuvre un projet volontaire de réduction carbone et en calculer la valorisation économique. Sur ce dernier point, la filière ambitionne de réduire de deux-tiers les émissions de gaz à effet de serre par tonne de luzerne déshydratée, par rapport à 2012. « Nous avons fait une ACV et les résultats sont bluffants, un hectare de luzerne déshydratée peut stocker jusqu’à quatre tonnes de CO2 », indique Benoît Vachez. Les intervenants insistent également sur le rôle essentiel  de la luzerne dans les conversion au bio.

Extension du programme Apiluz

En Champagne-Ardenne, le programme Apiluz, porté par l’association Symbiose, va être étendu courant 2021 au 51 000 hectares de luzerne de la région. L’objectif : laisser des bandes de luzerne non-fauchées pour maintenir des ressources à la disposition des pollinisateurs. « Cela demande une certaine organisation pour compenser les pertes de rendements, nous avons du dépasser quelques réticences, mais maintenant on y va ! Nous voulons être reconnus pour nos efforts », explique Benoît Vachez.

Mieux communiquer

Deux autres axes composent la feuille de route. L’un d’entre eux concerne la nutrition et le bien-être animal. Dans ce cadre, la filière souhaite mieux caractériser les impacts de la luzerne déshydratée sur les animaux d’élevages et développer son utilisation en alimentation animale, notamment pour les chevaux. Le dernier axe porte sur la performance socio-économique. « Sans rentabilité, il n’y aura pas de production », alerte Thierry Tissut, membre du conseil d’administration de Luzerne de France. Pour cela, la filière souhaite mieux communiquer auprès du grand public et des pouvoirs publics, notamment sur les risques d’impasses techniques liées à la diminution du nombre de molécules homologuées pour le désherbage. Mais aussi sur les progrès réalisés par la filière. Deux sujets exploratoires ont enfin été énoncés : explorer les pistes de transformation alternative de la luzerne, et étudier les marchés à haute valeur ajoutée (petfood, alimentation humaine, biomatériaux).