La refonte du référentiel HVE, source de cogitation et de propositions
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Annoncée en juin dernier, l’évolution du référentiel HVE alimente le débat au sein du secteur agricole. Illustration lors d’un séminaire centré sur la certification environnementale le 18 novembre, où il a été question de la « voie B », de bien-être animal, de carbone ou encore de sémantique.
Le nombre de fermes certifiées HVE, réactualisé tous les six mois, révèle un essor incontestable, en avance sur les objectifs. Les réserves émises sur ce dispositif ont toutefois suivi cette dynamique : plus exposé, le référentiel HVE est aussi plus critiqué. Plusieurs rapports ont pointé du doigts des failles, conduisant le ministère de l’Agriculture à lancer une étude pour revoir le niveau trois de la certification environnementale. En termes de calendrier, les évolutions sont prévues pour cadrer avec la mise en place des éco-régimes en 2023. Ce timing laisse du temps au observateurs pour émettre leurs souhaits quant à l’avenir de la HVE.
La voie B du référentiel HVE en question
Un débat organisé à Paris le 18 novembre par Isagri, FarmLeap et la Banque populaire était précisément axé sur cette thématique. L’un des points les plus discutés ? La fameuse « voie B » de la certification, qui consiste à prouver notamment que le poids des intrants dans le chiffre d’affaires de l’exploitation est inférieur à 30 %. « Les fermes de filières à forte valeur ajoutée, comme la viticulture, sont parfois dans les clous sans avoir à changer les pratiques, note Allessandra Kirsch, directrice des études d’Agriculture Stratégie. Il faut, a minima, l’adapter, en revoyant ces 30 % à la baisse pour certaines productions, par exemple. » Elle évoque même l’éventualité d’en finir avec la voie B pour uniformiser le dispositif. Une position que ne valide pas Ghislain Leprince, consultant spécialiste de la certification environnementale : « Cette voie a eu son utilité, elle a permis l’essor de la HVE. Elle est aujourd’hui à revoir, mais pas à supprimer selon moi. »
Pesticides, bien-être animal et bas-carbone
L’eurodéputé écologiste Benoit Biteau aborde également la HVE par le versant des intrants, en particulier celui des pesticides. « L’absence de « liste noire » décrédibilise la certification, affirme-t-il. Les produits avérés cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens doivent être bannis. » La possibilité d’ajouter d’autres lignes au référentiel HVE a pu être évoquée, depuis juin, et l’annonce d’une refonte. Les intervenants s’y sont montrés réservés, voire hostiles. « Intégrer le bien-être animal ou le bilan carbone est une fausse bonne idée, assure Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Aujourd’hui, le label bas-carbone décolle. Ce serait une erreur de risquer la confusion entre les deux. »
Clarifier les promesses de la HVE
Le manque de clarté de la certification, et de ses promesses, est d’ailleurs un sujet de réflexion en soi. « La HVE a déjà souffert de la confusion avec le terme agro-écologie lors du mandat précédent, estime Hervé Lapie. J’insiste sur la nécessité d’être compris par le consommateur. » La promesse de la certification environnementale est-elle assez claire, justement ? C’est la question posée par Anne-Laure Ferroir, directrice de la Fédération Nationale Terra Vitis, qui remarque : « En comparaison, le label Zéro résidu de pesticides a le mérite de la clarté sur ce qu’il propose. » Pour autant, un changement de nom pour la HVE est rejetée en bloc par les participants au débat. Alors que la signature gagne un semblant de notoriété, pas question de risquer de la perdre. Sur ce registre, le consensus va plutôt sur la nécessité d’une campagne de communication, à enclencher après la refonte du référentiel. « Pour dynamiser la HVE, prenons une étape après l’autre », conclut Hervé Lapie.