HVE, le label aux « effets positifs les moins avérés » selon deux études
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Pour vérifier si les labels et démarches de certification alimentaire tenaient leurs promesses, l’UFC-Que Choisir, mais aussi le Basic, WWF France et Greenpeace ont réalisé deux études, présentées le 28 septembre. Si le bio tire son épingle du jeu, la HVE est une nouvelle fois pointée du doigt. Les partenaires appellent également à une révision de la gouvernance de l’Inao.
Nouveau coup de semonce contre la Haute valeur environnementale. Une étude réalisée par le Basic, le WWF et Greenpeace, en partenariat avec l’Inrae, portant sur l’analyse de 15 labels et démarches de certifications, publiques et privées, remet en cause son bien-fondé. « Les démarches partageant le socle de la certification environnementale, dont la HVE, sont celles ayant les effets positifs les plus faibles et les effets les moins avérés », explique Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF France, lors de la présentation de l’étude, le 28 septembre. Pour arriver à ces conclusions, les partenaires ont construit une grille d’analyse des 15 cahiers des charges, basée sur 14 problématiques environnementales (érosion de la biodiversité, dégradation de la ressource en eau et des sols, dérèglement climatique, etc.) et socio-économiques (bien-être animal, niveau de vie décent, impacts sur la santé humaine, etc.).
Des notes entre 1 et 5
Couplée à des entretiens menés avec les porteurs des démarches et des experts, cette grille a permis d’attribuer une note entre 1 et 5 pour chaque démarche. Selon ces analyses, la HVE récolte la note de 1, aussi bien pour le volet environnemental que socio-économique. Il en va de même pour les démarches apparentées, Zéro résidu de pesticides et Agri Confiance. « C’est une démarche de progression, il y a peu d’interdictions et le seuil d’entrée est très bas, explique Arnaud Gauffier, au sujet d’Agri Confiance. Cela peut-être intéressant pour des filières partant de très loin, mais cela n’a rien à voir avec les exigences du bio. »
Retirer le soutien à la HVE en l’absence de révision du référentiel
Les partenaires ont en effet profité de cette présentation pour rappeler leur opposition à ce qui a été acté par le Gouvernement dans son Plan stratégique national, à savoir que le bio et la HVE donnerait droit à un éco-régime de même ordre dans la future Pac. Or, selon leur étude, les démarches partageant le socle de l’agriculture biologique sont celles obtenant les meilleures notes : 4 pour l’environnement et 3 pour le socio-économique dans le cas du bio, et un double 5 pour Bio équitable en France. « Considérer que la HVE est au même niveau que le bio relève de l’aberration de notre point de vue, pose Arnaud Gauffier. Nous ne sommes pas les seuls à dire que c’est problématique, cela relève presque d’un gaspillage d’argent public, car certaines pratiques soutenues n’auront aucun effet sur la durabilité de l’agriculture. » Dans ce cadre, les partenaires appellent à la suspension du soutien public à la HVE tant que le cahier des charges n’aura pas été révisé. Autre revendication : l’exclusion de la HVE des démarches comptabilisées dans les 50 % d’approvisionnement en produits de qualité en restauration collective.
Derrière les Siqo, des situations très contrastées
Dernier groupe à l’étude, les démarches filières, regroupant notamment les signes de qualité officiels, Siqo, bénéficient de résultats plus contrastées. « Il y a à boire et à manger », résume Arnaud Gauffier. Ainsi, la filière lait de Bleu-Blanc-Cœur se voit attribuer un double 3. Si l’AOP Comté bénéficie d’un double 5, l’AOP Cantal, elle, ne récolte qu’un double 1. « Ces différences au sein d’une même démarche sont incompréhensibles pour le consommateur, qui se perd déjà dans la profusion de labels existants », regrette le directeur des programmes du WWF. Des résultats renforcés par ceux d’une seconde étude également présentée ce jour, par l’UFC-Que Choisir, centrée sur huit AOP fromagères et douze viandes Label Rouge. Selon l’organisation, trois AOP (Cantal, Saint-Nectaire, Munster) et deux filières Label Rouge (porc et veau) ne sont pas conformes à leurs signes. « Les origines de cette défaillance sont multiples, explique Alain Bazot, le président de l’UFC-Que Choisir. La création et la révision des cahiers des charges ne dépend que des professionnels, l’Inao n’a aucun pouvoir de contrainte pour les faire évoluer ; la gouvernance de l’Inao fonctionne au bénéfice des professionnels, qui y sont sur-représentés. Les contrôles sont trop peu indépendants. » L’UFC, tout comme les autres organisations présentes, en appellent ainsi à une révision de la gouvernance des signes officiels.
Peser dans la construction de l’affichage environnemental
Les organisations appellent, enfin, de manière conjointe, à ce que leurs travaux soient pris en compte dans les réflexions actuelles autour de l’affichage environnemental. « Si celui-ci se base uniquement sur la base Agribalyse, il ne remplira pas totalement sa mission », insiste Joseph D’halluin, chargé de campagne agriculture chez Greenpeace.