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Label bas carbone, la filière méthanisation veut crédibiliser sa future méthode pour les grosses unités

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La place de la méthanisation dans le label bas-carbone se joue actuellement à deux niveaux. Pour les grosses unités, l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) a contacté l’Ademe pour créer un outil afin de réaliser des bilans carbone fiables, préalables à toute méthode. Pour les petites unités, la tendance est d’intégrer la méthanisation à des méthodes « filière », appliquées à l’exploitation.

Label bas carbone, la filière méthanisation veut crédibiliser sa future méthode pour les grosses unités
Label bas carbone, la filière méthanisation veut crédibiliser sa future méthode pour les grosses unités

Comment valoriser la contribution de la méthanisation à une agriculture bas carbone ? Les acteurs de la filière se mobilisent pour donner une réponse à cette question. Lors de son assemblée générale de septembre 2021, l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) se montrait déterminée à accompagner ses adhérents vers le label bas-carbone. Concernant la méthode pour les moyennes et grandes unités, l’AAMF évoquait alors un travail mené en lien avec GRDF.

Crédibiliser la (future) méthode pour les grosses unités

Un an plus tard, selon nos informations, le ministère de la Transition écologique se montre réservé sur ce dossier, estimant notamment que ces installations bénéficient déjà d’un volume de soutiens conséquents. L’AAMF souhaite donc légitimer sa démarche. « La base, c’est d’avoir un outil pour réaliser le bilan carbone des unités, sur lequel adosser la méthode, explique François Trubert, en charge du dossier au sein de l’association. Nous avons envisagé de développer un tel outil, avant de finalement décider d'externaliser sa conception pour la crédibiliser. »

Structurer une démarche de progrès

L’AAMF s’est rapprochée de l’Ademe, qui a enclenché un appel à projets destiné aux bureaux d’étude spécialisés afin de concevoir cet outil. « Nous avons défini le cahier des charges et nous suivrons évidemment de près les étapes de l’AAP, mais c’est bien l’Ademe qui gère le projet », affirme François Trubert. L’AAMF espère que l’outil sera prêt à l’été 2023. L’objectif sera de l’intégrer dans la charte de l’association, et de le faire vivre. « Nous serons en mesure de catégoriser les bilans carbone par type d’unité, ajoute-t-il. Nous pourrons ensuite identifier les points de progrès pour chacune d’entre elle. » Un travail obligatoire, l’enjeu du label bas carbone étant de rétribuer des progrès.

Répartir les crédits entre les partenaires d’un projet de méthanisation

L’idée est aussi de définir une répartition des économies et captations de carbone pour les unités de grande taille, mobilisant souvent plusieurs partenaires. « Dans une même unité, quelle part revient aux éleveurs livrant leurs effluents ? À l’industriel qui méthanise des coproduits ? Aux cultivateurs épandant du digestat à la place d’engrais très émetteurs ? Le ministère est très à cheval sur cette question  », illustre François Trubert. Et d’ajouter qu’une fois cet outil rodé et déployé, la perspective de développer une méthodologie « grandes unités » pour le label bas-carbone sera de nouveau d’actualité.

Petites unités, à intégrer dans une méthode « filière »

Et pour les unités « à la ferme », notamment accolés aux élevages ? L’AAMF espérait également une méthodologie dédiée, mais là aussi, l’adaptation est de mise. La tendance est plutôt d’intégrer la méthanisation dans des méthodologies de filière. « Ce sera le cas dans la méthode travaillée par l’Ifip pour la filière porcine, qui est attendue pour la fin d’année, explique Jean-Baptiste Dollé, chef du service environnement à l’Idele. De même, la méthode Carbon Agri pour les élevages bovins intègre la méthanisation. » S’il reconnaît que cette prise en compte est à ce stade encore « rudimentaire », il affirme que des améliorations seront apportées « au fil de l’eau ».