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L’Apad déplore le manque de volonté politique pour encouager le déploiement de l’ACS

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À l’occasion d’une matinée d’échanges organisée le 5 décembre 2023, l’Apad a déploré l’absence de réel cadre politique pour encourager le déploiement de l’agriculture de conservation des sols. Un regret que l’ancien ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, invité à intervenir, a tenté de justifier par un manque de clarté sur la définition du concept.

Semis de laïs dans un couvert végétal en agriculture de conservation des sols. - © D.R.
Semis de laïs dans un couvert végétal en agriculture de conservation des sols. - © D.R.

L’association pour la promotion d’une agriculture durable, Apad, s’est fixée pour objectif de convertir 30 % des agriculteurs à l’agriculture de conservation des sols (ACS) d’ici à 2030. Alors que seuls 5 % des exploitants s’inscrivent dans ce système, le président de l’organisation regrette le manque d’accompagnement au niveau politique pour faire monter en puissance ces pratiques. « Aucun plan n’est mis en place, avec notamment des acteurs de la recherche, pourquoi cette volonté politique n’est-elle pas au rendez-vous ? », interroge François Mandin, à l’adresse de Julien Denormandie, invité à conclure un événement organisé le 5 décembre 2023 par l’Apad.

La définition du concept d’ACS en question

Pour l’ancien ministre de l’Agriculture, qui assure de sa conviction sur le sujet, la question n’est pas tant celle de la volonté politique, que de la définition du concept. « Celle-ci se veut-elle exclusive ou inclusive, pour englober d’autres pratiques liées au sol ? J’ai pu dire qu’environ 15 % de la SAU étaient couverts par des pratiques de conservation des sols, mais vous me diriez sûrement que ce chiffre est plutôt autour de 4 %. Nous devons mieux définir l’ACS pour pouvoir y associer des aides », plaide Julien Denormandie. Il évoque ainsi, comme piste de réflexion, la mise en place d’une aide à l’installation comme cela se fait actuellement en filière bio. L’ancien ministre évoque également les difficultés liées à la valorisation des bénéfices de ce système. « Dans la Pac, aucune mention n’est faite de la quantité de vivant dans les sols, car cela est complexe à mesurer, contrairement aux pratiques déployées en surface. »

L’Apad appelle à se focaliser sur les résultats

Pour François Mandin, le bon déploiement de l’agriculture de conservation des sols ne serait pourtant pas si difficile à vérifier. « L’ACS n’est pas un cahier des charges mais une manière d’atteindre des résultats, et ce sont eux qui comptent ! lance-t-il. La couverture permanente des sols est facile à vérifier par images satellites, tout comme la diversité des espèces cultivées. Quant à l’arrêt du travail du sol, celui-ci est l’aboutissement du déploiement des autres leviers. Une politique publique mettant en avant ces trois axes, avec comme objectif de tout faire pour les mettre en œuvre, quand les conditions le permettent, serait suffisamment attractive. »

L’Apad à la recherche de financeurs pour acheter ses crédits carbone

Mobilisé depuis deux ans dans le cadre de son programme « Du carbone au cœur des sols », l’Apad a annoncé, en juillet dernier, la reconnaissance de celui-ci dans le cadre de la méthodologie grandes cultures du label bas carbone. Plus de 250 000 crédits carbone, qualifiés de « premium », sont donc disponibles à la vente. « Nous avons souhaité afficher une rémunération élevée (autour de 60 €/t, ndlr) pour qu’elle serve de modèle à d’autres projets, si leurs porteurs voient que nous vendons nos crédits », souligne Diane Masure, vice-présidente de l’Apad. C’est en effet là tout l’enjeu : trouver des acquéreurs. Pour l’heure, environ 5 % des crédits ont été vendus. « C’était aussi l’objectif de cette journée, nous avons invité beaucoup d’entreprises pour leur montrer les services associés à notre démarche », explique François Mandin, le président de l’Apad. Selon lui, de « grosses discussions » seraient en cours et une signature pourrait avoir lieu d’ici à la fin de l’année.