Changement climatique, les chambres d’agriculture « changent de braquet »

Une année « épouvantable ». À l’occasion de la conférence de rentrée de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), le 24 août, son président, Sébastien Windsor, n’a pas mâché ses mots quant à l’ampleur des aléas climatiques auxquels doivent faire face, en 2021, les agriculteurs. Gel, inondations, sécheresse, incendies… « L’année a été extrêmement compliquée », résume Christophe Hillairet, président de la Chambre d’agriculture d’Île-de-France, qui souligne des qualités de blé inquiétantes. « Ces phénomènes ne sont pas nouveaux, mais leur ampleur et leur fréquence, si, insiste Sébastien Windsor. Désormais, c’est une vraie problématique structurelle. Nous devons mieux accompagner les agriculteurs. Nous affirmons que nous changeons de braquet et que nous nous mobilisons sur ces enjeux. »

Des plans d’action attendus en 2022

Comme le rappelle leur président, les chambres sont déjà mobilisées, en collaboration avec les Régions, pour réaliser des diagnostics de l’impact du changement climatique dans les territoires, dans le cadre du Varenne de l’eau. Une restitution de ces travaux est annoncée pour le mois de novembre. Des plans d’actions devraient être déployés dès 2022. Les attentes sont également fortes en ce qui concerne la refonte du système assurantiel, dont la mise en œuvre est attendu pour l’année prochaine.

Objectif 2000 diagnostics carbone chez les jeunes agriculteurs

Autre sujet de mobilisation, celui du stockage de carbone. L’objectif, déjà affiché, est de réaliser 2000 diagnostics chez de jeunes agriculteurs, dans le cadre de la mesure prévue dans le Plan de relance. « Nous souhaitons également en réaliser autant auprès d’un public moins jeune », assure le président de l’APCA.

Rédaction en cours de MAE pour accompagner la prise de risque

Les efforts des chambres d’agriculture concernent également l’échelon européen, dans le cadre de la préparation de la prochaine Pac. Elles sont ainsi mobilisées, avec les Régions, dans la rédaction de MAE forfaitaires de transition. « Le dispositif existant appelle à coller à un système, ces nouvelles MAE demanderont aux agriculteurs de formuler un projet, afin que leur prise de risque soit accompagnée », explique le président de l’APCA. Des textes sont ainsi prévus sur le stockage du carbone, le bien-être animal, la réduction du recours aux produits phytosanitaires, accompagner le retrait de molécules, l’autonomie protéique, etc. Des exigences de résultats seront fixées.

Si les progrès environnemental, sociétal et économique seront à mesurer, seul le premier volet sera éligible à l’indemnisation. « Une enveloppe de 22 M€ a été actée par le ministère de l’Agriculture, mais nous avons l’espoir, en écrivant bien ces textes, que davantage soit consentis », explique Sébastien Windsor. Des travaux portent aussi sur de nouvelles MAE zones intermédiaires, qui ne seront pas territorialisées.

Une plateforme numérique sur les éco-régimes

Sur les éco-régimes, un outil numérique devrait être disponible dès septembre pour permettre aux agriculteurs de simuler leur conformité au dispositif. « L’objectif pour nous est qu’un maximum d’agriculteurs aient accès à cette mesure, plaide Sébastien Windsor. Et que l’on ne vienne pas nous dire que c’est trop facile : c’est simplement que nous aurons anticipé les choses. » Enfin, le président de l’APCA a appelé à retravailler l’encadrement des surfaces à intérêt écologique (SIE), dont l’implantation ne peut dépassée une certaine date. « La météo bouscule ce système, ce sujet est à travailler avec le ministère de l’agriculture. »