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Écophyto, un comité d’orientation stratégique jugé décevant

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Plus de 70 personnes ont participé, le 22 novembre, au premier Comité d’orientation stratégique du plan Écophyto organisé depuis deux ans. Selon les réactions glanées par Référence agro, l’ambiance était à la déception avec cette session jugée descendante, trop dense, et pour laquelle les parties prenantes n’ont pas pu se préparer, et guère plus participer.

Écophyto, un comité d’orientation stratégique jugé décevant
Écophyto, un comité d’orientation stratégique jugé décevant

Déception. Telle est l’impression générale à l’issue du Comité d’orientation stratégique, Cos, du plan Écophyto organisé le 22 novembre en visioconférence. Une réunion de trois heures à laquelle plus de 70 personnes ont participé. « Nous ne nous sommes pas réunis depuis deux ans, l’annonce du Cos a été très tardive et dans un format visio… », a regretté Eugénia Pommaret, directrice de l’Union des industries de la protection des plantes. Claudine Joly, responsable des questions phytosanitaires à France nature environnement, FNE, a également déploré « la façon de faire » du ministère de l’Agriculture. « C’était trop dense, on nous a assené une liste de présentations sans caractère de co-construction avec les parties prenantes, comme cela était le cas au début de la mise en place du plan. » Même son de cloche pour La coopération agricole : « Nous n’avons eu aucun document préparatoire, aucun ministre n’était présent, et le temps de discussion a été réduit au minimum », témoigne Gaëtane Le Breuil, responsable environnement.

Une note de suivi « dans les prochains jours »

Et sur le fond ? Une autre forme de déception tient à l’absence de chiffres actualisés. Le ministère a indiqué que la note de suivi traditionnellement diffusée pour le Cos serait disponible « dans les prochains jours ». Les chiffres présentés étaient déjà connus depuis juillet, à savoir des quantités de substances actives, QSA, en hausse de 23 % entre 2019 et 2020, essentiellement lié à l’usage des herbicides, et un Nodu 2019 à 78 Mha, en baisse de 37 % par rapport à 2018.

Selon les participants, les services des ministères en charge du plan ont rappelé qu'Écophyto restait « un outil central de la transition agroécologique » et ont cité les avancées en la matière comme la séparation de la vente et du conseil sur les pesticides, l’amélioration de la protection des riverains, la baisse de l’usage des produits classés CMR et les enveloppes financières dédiées à la robotique, au numérique et à la génétique pour réduire l’usage des produits phytosanitaires. Même le ton employé pour aborder ces thèmes a créé des frustrations. « Certains ministères, notamment celui de la Transition écologique, étaient à charge contre le secteur, soupire Hervé Lapie, représentant de la FNSEA au titre du Contrat de solutions. Pas d’encouragement, pas de valorisation des efforts consentis. »

Le devenir des BSV pour le prochain Cnopsav

Comment se présente la suite ? Selon les réactions collectées par Référence agro, le préfet Bisch, chargé de la coordination interministérielle du plan Écophyto 2+, a fait preuve de réceptivité quant au mécontentement ambiant. « Il a proposé d’organiser des Cos plus réguliers, au moins deux par an, avec des ordres du jour plus légers, glisse Hervé Lapie. Il a également retenu l’idée d’axer nos prochaines rencontre davantage sur la dynamique de la recherche-innovation. »

Si le devenir et la réorganisation de la surveillance biologique du territoire et des BSV n’ont pas été abordé, ils feront l’objet du prochain Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, Cnopsav, qui se tiendra le 30 novembre.

Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture a indiqué que le travail se poursuivait sur la création d’un Nodu sur les traitements de semences.

Stéphanie Ayrault et Eloi Pailloux