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Le dispositif des BSV pourrait encore être affaibli

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Le 30 mars, le Cnopsav a laissé entendre que les Bulletins de santé du végétal, BSV, pourraient voir leurs budgets diminuer une nouvelle fois. Une mauvaise nouvelle pour les acteurs agricoles qui tentent depuis deux ans de maintenir un dispositif efficace malgré les baisses financières. Le ministère de l’Agriculture travaille à une refonte des BSV sur fond de nouvelle gouvernance. Explications.

 Copyright : La Coopération agricole - © D.R.
Copyright : La Coopération agricole - © D.R.

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Autour de LCA et FNA, une « task force engrais » pour s’adapter au contexte actuel - © D.R.
Autour de LCA et FNA, une « task force engrais » pour s’adapter au contexte actuel - © D.R.

« Alors que, dans les territoires, malgré le flou, tout le monde avançait pour maintenir le dispositif, cette annonce nous a pris de court, se désole Gaëtane Le Breuil, responsable environnement/appro pour La Coopération agricole (LCA) métiers du grain.[/caption]

Le Bulletin de santé du végétal, BSV, pourrait connaître une nouvelle coupe budgétaire cette année. Pourtant, en 2019, son enveloppe a déjà connu une baisse de 23 %, passant de neuf à sept millions d’euros. Si rien n’est encore officiellement acté, la nouvelle diminution pourrait s’élever à 400 000 euros, selon les chiffres annoncés lors de la réunion de la section végétale du Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, le Cnopsav, le 30 mars. Car c’est cette dernière instance qui chapote désormais les actions en matière de surveillance biologique du territoire.

Dissolution du conseil national d’épidémiosurveillance

Le Cnopsav reprend les missions du conseil national d’épidémiosurveillance, qui a été dissout fin 2020, à la surprise des acteurs agricoles. Le rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) et du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), publié le 28 avril 2020, préconisait en effet une gouvernance unique en matière de sécurité sanitaire du végétal. Pour pallier la baisse du budget des BSV, le ministère de l’Agriculture a donc suivi la recommandation des deux instances sur la gouvernance.

Un dispositif à trois étages

En sera-t-il de même pour les autres points d’évolution préconisés dans le rapport ? La DGAL y travaille. Elle avance sur trois axes : le financement, la création d’une plateforme unique de collecte de données des observations, et l’organisation future du dispositif. Sur ce dernier point, une réflexion d’un outil à trois étages est en cours : un socle technique de surveillance des organismes nuisibles à forts enjeux financés par le plan Écophyto, accompagné d’une base d’informations relatives à la biodiversité fonctionnelle, et un dernier palier qui viendrait appuyer la surveillance des organismes nuisibles réglementés et émergents.

Quoiqu’il en soit, l’annonce d’une nouvelle réduction des crédits alloués aux BSV est une mauvaise nouvelle pour les acteurs agricoles. « Alors que, dans les territoires, tout le monde avançait malgré le flou pour maintenir le dispositif, cette annonce nous a pris de court, se désole Gaëtane Le Breuil, responsable environnement/appro pour La Coopération agricole (LCA) métiers du grain. Aujourd’hui le budget n’est toujours pas sécurisé.  Le plan Écophyto qui est depuis 2018 piloté par les ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique, de la Santé et de la Recherche, doit donc satisfaire les arbitrages décidés à enveloppe budgétaire constante. »

« C’est dommage de casser cette dynamique »

Attachés à ce dispositif, les animateurs ont tenté depuis deux ans de limiter la casse. Certes, une quarantaine de ravageurs ne sont plus suivis. Mais les arrêts de BSV ont davantage concerné les zones non agricoles. Le nombre d’observateurs n’a pas diminué… mais la démotivation est latente. « Ils pourraient se demander à quoi bon poursuivre dans un dispositif que le Gouvernement ne semble pas vouloir soutenir », explique Gaëtane Le Breuil. Pourtant, les acteurs agricoles n’ont eu de cesse de répéter l’importance du dispositif dans les territoires. « Cela créé une vraie émulation entre les différents acteurs sur le terrain sur la gestion des bioagresseurs : coopératives, négoces, chambres d’agriculture, instituts techniques, etc, indique Gaëtane Le Breuil. C’est dommage de casser cette dynamique. »