Générations futures émet de nouveaux doutes sur la ré-autorisation du glyphosate
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Pour Générations futures, la procédure de ré-autorisation de mise en marché du glyphosate en Europe est biaisée. L’ONG met en doute, une nouvelle fois, la manière dont les études scientifiques sont sélectionnées pour orienter la décision de l’UE. Elle réclame une refonte de la procédure avant que l’avenir du glyphosate ne soit validé.
Générations futures entend bien contribuer aux consultations menées dans le cadre de la ré-autorisation de mise en marché du glyphosate en Europe. Alors que ces deux consultations seront clôturées le 22 novembre 2021, l’ONG a rendu publiques, le 16 novembre, ses réserves sur la procédure de réévalution.
« Sélection biaisée »
Après avoir déjà mis en doute l’exhaustivité du rapport d’évaluation de renouvellement soumis par le Glyphosate Renewal Group (GRG), réunissant les industriels commercialisant l’herbicide, Générations futures pointe du doigt la méthode de sélection des études scientifiques retenues par l’Assessment Group on Glyphosate (AGG), c’est-à-dire les États membres missionnés dans le cadre de ce dossier (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède). Par la voix de son porte-parole François Veillerette, l’ONG s’étonne que, sur 7000 études universitaires disponibles, seules 30 ont été sont jugées pertinentes et fiables. Si Générations futures n’a pu analyser l’ensemble des textes recalés, ses spécialistes croient distinguer des critères éliminatoires qu’ils jugent suspects, comme par exemple, l’origine extra-européenne de certaines études, où celles qui portent sur des formulations différentes de celles du produit dont l’autorisation est demandée en Europe.
Générations futures veut une remise à plat de la procédure
Générations futures affirme également que les études mises en avant par le GRG, et considérées comme fiables par les Etats membres, sont à l’inverse sujettes à caution. L’ONG a réalisé un focus sur 14 études portant sur la génotoxicité du glyphosate, concluant toutes à l’absence de génotoxicité, et validées par l’AGG. Verdict ? « Aucune n’aurait dû être jugée acceptable », selon les conclusions de Générations futures, qui évoque trois failles : un nombre de cellules analysées insuffisant, l’absence d’exposition de la moëlle osseuse, et un manque concernant les données historiques des laboratoires impliqués.
L’ONG estime en conclusion que le dispositif présente de « graves biais », susceptibles de favoriser les études fournies par les industriels par rapport à la littérature scientifique. « Nous demandons que le cadre de l’évaluation du glyphosate au niveau communautaire soit réformé d’urgence, lance François Veillerette. Il n’est ni transparent, ni solide. » Et de réclamer que le glyphosate ne soit pas ré-autorisé avant que ce dispositif ne soit revu. Générations futures compte sur la France, qui présidera l’UE au premier semestre 2022, pour faire bouger les lignes.