« Glyphosate : n’autorisons pas sans conditions harmonisées », plaide l’eurodéputé Jérémy Decerle
Le | Politique
Au Parlement européen, le 4 octobre 2023, les discussions autour du renouvellement de l’approbation du glyphosate ont mis en avant toute la diversité des points de vue sur la question. Jérémy Decerle, lui, a défendu la position française : obtenir des conditions d’autorisation harmonisées afin d’éviter les distorsions de concurrence.
Lors du débat sur le renouvellement de l’approbation du glyphosate, le 4 octobre 2023, au Parlement européen, le sujet des concurrences déloyales a été mis en avant par l’eurodéputé Jérémy Decerle (Renew), appuyant ainsi la position française. « glyphosate-la-commission-propose-un-renouvellement-pour-10-ans/" target="_blank" rel="noopener">La proposition de la Commission n’est pas sérieuse car elle n’intègre aucune condition d’usage, en continuant d’en laisser la responsabilité aux États membres », a-t-il avancé. Pour l’eurodéputé, « c’est de la distorsion de concurrence assurée entre les agriculteurs européens. Avec le cas emblématique du glyphosate, notre réglementation de mise en marché montre ses limites ». Jérémy Decerle a plaidé pour une harmonisation réelle et forte des autorisations, avec des conditions d’usage établies au niveau européen. « N’interdisons pas sans solution, mais n’autorisons pas sans conditions harmonisées », a-t-il souligné.
La Commission promet un suivi tout au long des dix ans
Stella Kyriakides, commissaire européenne chargée de la santé et de la sécurité alimentaire, a défendu la proposition de la Commission et rappelé que c’est aux États membres que revient la responsabilité d’évaluer les produits. Scepticisme chez certains eurodéputés… « Comment les États vont pouvoir faire ce que l’Efsa n’a pas été capable de faire ? », a-t-il été relevé.
Concernant les lacunes dans les données constatées par l’Efsa, la commissaire européenne a spécifié que « c’est le cas pratiquement pour toutes les conclusions de l’Efsa concernant l’évaluation des substances actives », mais que « ce n’est pas une raison pour ne pas renouveler l’autorisation », la Commission proposant « toute une série de conditions de restrictions ». Stella Kyriakides a toutefois insisté sur le fait que la suggestion de renouvellement pour dix ans du glyphosate ne signifie pas qu’une interdiction puisse subvenir si nécessaire. « Nous allons suivre de près l’évolution de la situation. Si de nouveaux éléments devaient voir le jour, si des critères ne devaient pas être respectés, alors nous agirions immédiatement », a-t-elle spécifié.
« C’est la science qui prédomine »
La commissaire européenne a conclu son intervention en rappelant que « c’est la science qui prédomine, ce sont les règles actuelles. Si nous voulons un système basé sur les preuves, nous devons nous en tenir aux résultats de ce système ».
Un rappel à la science sur lequel l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew) a rebondi : « Le message de la science est double. Le deuxième message est qu’il y a énormément de données qui ne sont pas collectées, énormément d’impacts sur la biodiversité qui ne sont pas pris en compte. La proposition de la Commission est inacceptable car elle ne prend pas en compte la complexité du message scientifique et nous attendons une nouvelle proposition qui soit plus équilibrée, qui comprenne des restrictions d’usage, comme ont su le faire des pays comme la France. »
Si certains eurodéputés ont mis en avant la nécessité de renouveler l’approbation du glyphosate, qui ne possède pas d’alternatives, qui reste nécessaire à la souveraineté alimentaire et s’avère utile à l’agriculture de conservation, d’autres ont appelé à l’interdiction, au nom du principe de précaution. Sur ce point, Stella Kyriakides a répondu que la Commission le suit toujours, raison pour laquelle elle s’attache à des évaluations approfondies.
Seul consensus à relever dans les interventions des différents députés : la nécessité de rechercher au plus vite des alternatives.