La Coopération agricole réfléchit à la manière d’être Zen en 2035
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Le congrès annuel de La Coopération agricole s’est tenu sous le thème de la neutralité carbone et de l’engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les coopératives ont indiqué avoir besoin de collaboration avec tous les acteurs. Les intervenants ont été choisis pour nourrir la réflexion. Objectif : bâtir une feuille de route qui devra être finalisée dans un an.
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« C’est un changement en profondeur pour nos métiers » : Dominique Chargé, président de La Coopération agricole.[/caption]
Être Zen, tel est l’objectif des coopératives agricoles pour 2035. Le congrès annuel de La Coopération agricole, qui s’est tenu le 18 février 2021, a été l’occasion de poser les bases de cette économie Zéro émission nette. La conférence a rencontré un franc succès avec plus de 1000 internautes connectés. « Notre responsabilité est d’avoir à conduire cette transition en maintenant la compétitivité des entreprises, a indiqué Dominique Chargé, président de La Coopération agricole. Nous voulons aborder cette problématique de manière globale. ». Pour arriver à cet objectif, le réseau estime avoir besoin de collaboration avec tous les acteurs, publics et privés, dans trois domaines : recherche et innovation, formation et adaptation des compétences, et financement. La Coopération agricole veut également du temps pour nourrir sa réflexion afin de construire sa feuille de route. Laquelle sera dévoilée au prochain Salon de l’agriculture en 2022. « Nous devons apporter des réponses collectives, globales et cohérentes, ajoute Dominique Chargé. C’est un changement en profondeur pour nos métiers. »
« Un virage à 90° pour les coopératives »
Une vision que partage Jean-Marc Jancovici, associé de Carbone 4 et président du think tank The Shift project. « Pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 5 % par an pendant deux générations, a-t-il insisté. Or, une réduction de 5 % des émissions de GES correspond à une crise sanitaire comme celle de la Covid en 2020. C’est donc peu compatible avec une croissance de la production. » Jean-Marc Jancovici alerte sur la longueur des chaînes logistiques « qui ne peuvent perdurer dans un monde sobre en énergie ». Il milite pour une déspécialisation des régions agricoles. « Il faut voir comment revenir à la polyculture-élevage dans les bassins céréaliers, appuie Sébastien Treyer, directeur général de l’Iddri. C’est un virage à 90° pour les coopératives dont le modèle s’appuie sur une économie d’échelle. »
Diviser par deux l’élevage
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« Le sol est ce qui capte le plus de carbone après la mer » : Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture.[/caption]
Pour arriver à la neutralité carbone, le directeur de l’Iddri estime qu’il faut diviser par deux l’élevage, tout en l’accompagnant vers une agriculture de qualité orientée vers les appellations d’origine, et miser sur le développement des protéines végétales dans les exploitations de grandes cultures.
Quid du financement de cette transition pour les coopératives ? Pour l’heure, le gouvernement insiste sur le plan de relance. « Les entreprises peuvent investir dans des systèmes de substitution de chaleur, avec une garantie pendant quinze ans sur l’écart de coût », explique Thomas Courbe, directeur de la DGE du ministère de l’Economie. L’aide aux agroéquipements ou encore les fonds pour arriver à une alimentation plus favorable à la santé, sont également cités. Reste que le plan de relance a une durée limitée, fixée à 2022. « Il y aura besoin d’un financement plus durable », reconnaît Thomas Courbe.
Carbone, « nous avons laissé la forêt l’emporter sur les sols »
Julien Denormandie a insisté sur la création de valeur par les pratiques agricoles stockant du carbone. « Le sol est ce qui capte le plus de carbone après la mer, a-t-il rappelé. Or, nous avons laissé la forêt l’emporter sur les sols. Il faut que les sols redeviennent le puit de carbone. » Citant le label bas-carbone, il a appelé le monde agricole à être offensif sur le sujet. Quant à la gestion du risque climatique, le ministre de l’Agriculture reconnaît que le régime des calamités agricoles est obsolète. Une mission parlementaire est en cours, menée par le député Frédéric Descrozaille, « pour trouver des pistes à ce sujet complexe ».