Le cadre du BSV 2.0 est publié
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Les nouveaux contours des Bulletins de santé du végétal, BSV, ont été publiés le 31 mars au Bulletin officiel, dans un contexte de baisse importante du budget alloué à la surveillance biologique du territoire. Si des mesures seront appliquées dès cette année, le « BSV 2.0 » sera pleinement opérationnel en 2023.
L’instruction était attendue. Le 31 mars, les contours des nouveaux Bulletins de santé du végétal, BSV, et du dispositif des effets non intentionnels, ENI, des pesticides sur l’environnement, dans le cadre du plan Écophyto, ont été publiés au Bulletin officiel. La Direction générale de l’alimentation, DGAL, entend réorienter le réseau d’épidémiosurveillance dans un contexte où les moyens alloués à cette action ont été réduits de 23 % en 2019.
En 2022, le budget des BSV s’élève à 6,5 millions d’euros, contre 6,6 M€ en 2021 et 9 M€ en 2018. Comme nous l’avions annoncé, 6,2 M€ iront concrètement aux actions pilotées par les chambres régionales d’agriculture et 0,3 M€ servira à refondre le système d’information du réseau. 1 M€ est dédié au dispositif de suivi des ENI, auquel s’ajoute 30 000 euros pour le Museum national d’histoire naturelle, MNHN. Ce dernier devra mettre à disposition des informations, données et livrables sur la biodiversité aux animateurs des filières qui seront pris en compte dans les BSV.
L’année 2022 marque le début de la mise en place du BSV 2.0. Il sera pleinement opérationnel en 2023. Le contenu, la forme et les modes de diffusion évoluent pour en faire un outil plus directement opérationnel, orienté vers l’aide à la décision et les besoins des utilisateurs finaux, et davantage axé sur l’agroécologie, indique la DGAL.
395 couples prioritaires
Pour y arriver, avec un budget en baisse, la DGAL a demandé à chaque région de définir des couples cultures/organismes nuisibles à fort enjeux Écophyto, c’est-à-dire avec un indice de fréquence de traitement important, et à fort enjeu pour l’export. Le travail a abouti à la création d’une liste nationale prioritaire comportant 395 couples bioagresseurs / cultures, sur 28 cultures et cinq filières (arboriculture, grandes cultures, vigne, pépinière et cultures légumières). Or, actuellement, 3500 couples organismes nuisibles (ON)/ cultures, soit 960 bioagresseurs différents, sont suivis sur 198 cultures. La coupe est franche !
Toutefois, chaque région pourra obtenir des financements Écophyto pour des couples en dehors de cette liste, si elle les estime majeurs, et selon des notes obtenues dans les matrices de priorisation régionales que la DGAL demande à chaque territoire de finaliser pour cette année. Le Conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale, Cropsav, aura la charge de décider des allocations de crédits Écophyto dans les régions. La DGAL reconnaît que le plan Écophyto ne suffira pas à répondre à tous les besoins : elle incite les structures à se tourner vers d’autres financeurs.
La biodiversité dans les BSV
Du côté des bulletins, ils devront être recentrés sur l’agroécologie, la biodiversité et la protection intégrée des cultures. Une maquette a été définie. « Un BSV 2.0 qui ne respecterait pas ces principes n’aura plus vocation à recevoir de crédits Écophyto, quel que soit le niveau de priorisation de la culture », avertit la DGAL. Les rédacteurs devront inclure dans le bulletin des informations en lien avec la biodiversité (auxiliaires des cultures, etc.), avec pour objectif d’élargir le champ des lecteurs et de favoriser les interconnexions avec d’autres réseaux de surveillance biologique du territoire. Il s’agit enfin d’étendre les bonnes pratiques déjà mises en œuvre dans certaines régions, d’harmoniser, dans leur forme, les bulletins entre eux et d’améliorer encore la lisibilité du contenu.
Un système informatique unique
Par ailleurs, un système d’informatique, SI, unique sera mis en place. Le projet est piloté par l’Acta qui bénéficie pour cela d’une enveloppe de 300 000 euros. Il est envisagé comme un outil unique de stockage des données, sur la base du SI professionnel « vigiculture », en lieu et place de l’outil Epyphit, estimé moins convivial pour les opérateurs et reposant sur l’exploitation de cinq bases de données interopérables. Vigiculture est un outil en copropriété d’Arvalis, Terres Inovia et ITB qui en assurent la maintenance, et le financement, ensemble. Autre projet : extraire facilement les données, conduire une expérimentation sur les cultures pérennes et mener des expertises sur les données météorologiques et la modélisation. « Ceci permettra d’élaborer dans le BSV des analyses de risque pertinentes à un rythme hebdomadaire en cours de campagne », indique la DGAL.
Le futur BSV 2.0 ne sera totalement déployé qu’à partir de l’exercice 2023. Pour 2022, la ventilation des crédits des enveloppes régionales s’est faite au prorata simple des crédits alloués en 2021. En 2023, le budget sera réparti entre le « socle historique », qui restera prépondérant, « la liste nationale » et les « enjeux locaux ».
L’évolution de la surveillance biologique du territoire est issue des recommandations du Conseil général de l’environnement et du développement durable, CGEDD, et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, CGAAER.