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Mission d’appui sur la gestion de l’eau, « nous ne nous substituerons pas à la gouvernance locale » : Gérard Fallon, CGAAER

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Un groupe d’appui aux projets de territoire pour la gestion de l’eau, ou PTGE, a été mis en place en début d’année par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Son objectif : construire des solutions sur des territoires où l’équilibre entre ressources et besoins en eau, notamment ceux de l’agriculture, s’avère difficile à trouver. Le groupe va se pencher sur 15 projets. Calendrier, et méthode, points de blocage dans les territoires, retenues d’eau,… Le point avec Gérard Fallon, l’un des coordinateurs du projet, au sein du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux, CGAAER.

Mission d’appui sur la gestion de l’eau, « nous ne nous substituerons pas à la gouvernance locale » : Gérard Fallon, CGAAER
Mission d’appui sur la gestion de l’eau, « nous ne nous substituerons pas à la gouvernance locale » : Gérard Fallon, CGAAER

Référence agro : Trois mois après le lancement de ce groupe interministériel, où en êtes-vous ?

Gérard Fallon : Après cadrage de la mission par les administrations centrales, le groupe a d’abord entendu des représentants nationaux du réseau des chambres d’agriculture (APCA), de France nature environnement, les interlocuteurs de bassin (préfets coordonnateurs, directions régionales en charge de l’eau, agences de l’eau) ou encore le préfet Pierre-Étienne Bisch, qui a conduit une mission sur le sujet. Les contacts vont se poursuivre avec les représentants des syndicats agricoles et d’autres interlocuteurs nationaux, puis dans les départements avec les préfets et les DDT, avant d’aller rencontrer les acteurs des territoires. L’APCA a relayé notre travail auprès des chambres d’agriculture régionales et départementales. L’objectif qui nous est fixé est d’aider à l’élaboration et à la mise en œuvre opérationnelle des PTGE. Il nous faut identifier les trajectoires permettant d’y parvenir ainsi que les étapes atteignables dans les douze prochains mois.

R.A. : Comment allez-vous procéder dans les territoires ?

G.F. : 15 projets seront accompagnés, dans quatre bassins : cinq projets en Adour-Garonne (Adour amont, Boutonne, Charente aval et Bruant, Seudre, Seugne), quatre en Loire-Bretagne (Allier aval, Clain, Curé, Cher-Yèvre-Auron), quatre en Rhône-Méditerranée (Coulon-Calavon, Drac amont, Lac du Bourget, Véore-Barberolles-Alluvions de la plaine de Valence) et deux en Seine-Normandie (Puiseaux-Vernisson et Serein-Armançon). Pour chaque territoire, un binôme composé d’un membre du CGAAER et d’un membre du Conseil général de l’environnement et du développement durable, CGEDD, est constitué afin d’avoir une vision partagée entre les deux ministères. La rencontre des acteurs locaux permettra de nous imprégner des particularités de chaque situation locale.

R.A. : Quels sont les cas les plus problématiques ?

G.F. : Les situations sont contrastées. En Rhône-Méditerranée, la culture de la gestion de l’eau est ancienne et les discussions paraissent assez apaisées. Sur certains secteurs des bassins Adour-Garonne et Loire-Bretagne en revanche, les tensions peuvent être fortes entre agriculteurs et associations environnementales, notamment en cas de désaccord sur les niveaux de prélèvements d’eau pour les usages économiques. Nous voulons comprendre les blocages, qui peuvent être très divers. Lorsque le dialogue est difficile entre les acteurs locaux, nous nous efforcerons de voir sur quelle base il peut être rétabli. Toutefois, nous ne nous substituerons pas à la gouvernance locale.

R.A. : Quelle est votre position par rapport aux retenues d’eau ?

G.F.  : Nous savons que l’agriculture a besoin d’eau. La construction de retenues pour stocker l’eau est l’un des moyens de maîtriser la ressource nécessaire à l’agriculture, ce n’est pas le seul moyen. Les crispations interviennent souvent lorsqu’un projet de stockage d’eau a été monté sans logique de territoire. Il est alors difficile de trouver un accord entre agriculteurs et associations environnementales. Mais dans bien des cas, les projets de retenues d’eau ne posent pas de difficultés particulières.