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Pesticides, les eurodéputés peu enclins à une baisse de 50 %

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Réunis au sein de la commission Agriculture le 31 août 2022, de nombreux eurodéputés ont eu l’occasion de montrer leur désaccord avec la proposition de règlement de la Commission européenne relatif à l’utilisation durable des pesticides, qui vise une réduction de 50 % des produits phytosanitaires. Premier argument avancé : la sécurité alimentaire.

Andrew Owen-Griffiths, de la DG Santé de la Commission européenne, a soutenu, le 31 août 2022, devan - © D.R.
Andrew Owen-Griffiths, de la DG Santé de la Commission européenne, a soutenu, le 31 août 2022, devan - © D.R.

Comme les eurodéputés de la commission Environnement et les ministres de l’agriculture des différents Etats membres, les eurodéputés de la commission Agriculture se montrent majoritairement opposés au projet de règlement relatif à l’utilisation durable des pesticides. Ce dernier, qui révise la directive 2009/128/CE et que la Commission européenne a dévoilé le 22 juin dernier, vise une réduction de 50 % de l’utilisation des produits phytosanitaires.

Réunis le 31 août 2022, les eurodéputés ont vivement réagi à la présentation par Andrew Owen-Griffiths, de la direction générale de la Santé, de l’étude d’impact de la directive, sur laquelle la Commission européenne s’appuie pour montrer la nécessité de son projet de règlement.

Préoccupations relatives à l’impact sur la production agricole

Andrew Owen-Griffiths a mis en avant l’hétérogénéité de la transposition par les Etats membres de la directive 2009/128/CE, la non atteinte des objectifs de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires et la faible mise en oeuvre de la protection intégrée par les agriculteurs. Il a insisté sur les bienfaits sur la santé et l’environnement de la réduction d’utilisation des produits. Mais il n’a pas abordé l’impact sur la production agricole, ce qui a provoqué de nombreuses réactions au sein des eurodéputés.

« 50 % est un chiffre lancé au hasard », « Les 50 % sont déconnectés du contexte », « Quel sera l’impact sur le revenu des agriculteurs ? », « Quid de la sécurité alimentaire ? », « La production et la qualité baisseront », « Les importations risquent d’augmenter, avec des produits ne répondant pas aux critères européens », a-t-on pu entendre dans l’hémicycle.

Refus de l’interdiction dans les zones sensibles

Bon nombre d’eurodéputés se sont également inquiétés de la proposition d’interdire les produits phytosanitaires dans les zones sensibles. Certains parce que leur pays comprend un pourcentage conséquent de zones sensibles et verraient leur production agricole fortement impactée. D’autres parce que ces zones risquent de devenir « des réservoirs à parasites ». Enfin, certains eurodéputés se sont montrés préoccupés par le manque d’alternatives.

Peu d’intervenants ont finalement soutenu la proposition de la Commission européenne, en évoquant la nécessité de sortir de la dépendance aux pesticides et en appuyant ainsi Andrew Owen-Griffiths, pour qui « l’inaction est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre ».

Norbert Lins, président de la commission Agriculture, a quant à lui clos le débat en se demandant si la Commission européenne « a bien conscience de l’impact de sa proposition sur la production agricole ».