PLOA, planification écologique : les Chambres s’agacent de l’absence de moyens annoncés
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En ligne avec les objectifs de la loi d’orientation et d’avenir agricole et de la planification écologique, mais inquiet, voire agacé de l’absence de moyens pour les concrétiser. C’est la position exprimée le 31 août par le président de Chambres d’agriculture France, Sébastien Windsor, très remonté lors de sa conférence de rentrée.
Peu coutumier de ce ton, le président de Chambres d’agriculture France, Sébastien Windsor, s’est montré remonté, le 31 août, en conférence de presse. L’objet de sa colère : l’absence d’annonces, de la part du Gouvernement, concernant le financement de la planification écologique. « Entendons-nous bien : je ne m’oppose pas à cette planification, que j’accueille plutôt positivement, a-t-il lancé. Si elle permet de créer une cohérence et un calendrier harmonisé pour les politiques liées à l’environnement, c’est une bonne nouvelle. Mais à cette heure, nous n’avons aucun élément sur le budget. »
Des objectifs a priori atteignables, mais…
Les chambres sont pourtant dans les starting-blocks, à en croire leur président. Différents exercices de simulation ont été initiés dans le réseau pour « mettre du concret » dans les objectifs fixés à horizon 2030. Sébastien Windsor a cité, à titre d’exemple, l’ambition de doubler les surfaces de légumineuses et de se passer des tourteaux de soja en alimentation animale. « Des leviers existent pour changer les systèmes d’exploitation et y parvenir de manière viable, assure-t-il. Mais cela demandera un effort considérable dans l’accompagnement des agriculteurs. Avec quels moyens ? »
Toujours sur la base de cet exemple des légumineuses, il précise que les leviers d’action identifiés par les chambres ne nécessitent pas d’investissement significatif dans du matériel ou des nouvelles technologies : « C’est une révolution agricole dans l’approche stratégique de l’exploitation, insiste-t-il. Ce changement de cap est similaire, dans son ampleur, à celui que nous avons connu après-guerre. »
PLOA et planification écologique, même combat
Même ambiance au moment d’aborder le pacte et la loi d’orientation et d’avenir agricole. « L’idée serait de rendre obligatoire [au moins pour une partie des agriculteurs] le conseil climatique, dont nous gérons actuellement la version expérimentale, glisse Sébastien Windsor. Cette phase expérimentale est financée, dans le périmètre de 10 000 agriculteurs sensibilisés, 1000 accompagnés jusqu’au plan d’action, et la formation de 350 conseillers. Pour les agriculteurs qui viendront ensuite, nous n’avons pas le début d’une piste de financement. »
Colère sur la redistribution de la taxe sur le foncier non-bâti
Le président de Chambres d’agriculture France en a profité pour répéter un message qui lui tient à cœur : si elles ont les compétences pour assumer les missions de plus en plus nombreuses que lui confie l’État, les chambres n’en ont pas moins besoins de moyens. La colère de Sébastien Windsor est monté d’un cran au moment d’aborder la hausse de la taxe sur le foncier non-bâti. « Elle va augmenter de 7,3 %, à sortir de la poche des producteurs, mais rien ne sera fléché vers les chambres, peste-t-il. Les collectivités pourront rénover la salle des fêtes, mais la Chambre devra continuer à faire plus, avec des moyens stables, c’est-à-dire en recul si on considère l’inflation. »
Selon Sébastien Windsor, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, partage une partie de ses constats. Il croit savoir que le secrétariat général de la planification écologique est également sensibles à ses arguments. Le blocage viendrait donc de Bercy.