Référence agro

Plus d’hectares en bio et moins de phyto dans la stratégie nationale pour la biodiversité 2030

Le | Politique

Les contours de la troisième stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), à dérouler jusqu’à 2030, sont connus. Le Gouvernement a publié, le 21 juillet, les documents qu’il compte soumettre aux instances concernées durant l’été, pour concertation. Les mesures agricoles concernent essentiellement les réductions d’usage de pesticides et les surfaces en bio.

Plus d’hectares en bio et moins de phyto dans la stratégie nationale pour la biodiversité 2030
Plus d’hectares en bio et moins de phyto dans la stratégie nationale pour la biodiversité 2030

Le Gouvernement a officialisé les grands axes de sa stratégie nationale pour la biodiversité, SNB. Cette annonce a été faite le 21 juillet, au lendemain des annonces liées au remaniement. Sarah El Haïry, nommée secrétaire d’État à la biodiversité, en remplacement de Bérangère Couillard, hérite donc d’une feuille de route toute tracée. Les documents-cadres publiés par le Gouvernement seront soumis aux instances concernées (1) pour concertation, en vue de collecter leurs avis « fin septembre », pour une publication définitive « à l’automne 2023 ».

Un item agricole parmi les 20 « actions-phares » de la SNB…

Cette troisième SNB est à dérouler sur la période 2022-2030, afin de la faire démarrer symboliquement avec la Cop15 de Montréal, qui s’est tenue en décembre dernier. C’est d’ailleurs sur les engagements de la Cop15 que la France a cadré ses ambitions, parmi lesquelles « la réduction de moitié du risque global lié aux pesticides ». Cet objectif est spécifiquement visé par l’une des vingt mesures-phares listées par le Gouvernement, intitulée « accélération de la transition agroécologique ». Cette mesure s’appuie sur deux piliers :

  • Le plan Écophyto 2030, qui sera présenté à l’automne et qui doit permettre à la France de « réduire de 50 % les usages et les expositions aux pesticides ». À noter que dans la partie « indicateurs de la SNB », le Gouvernement met en avant la quantité de substance active (QSA), sans stipuler cet objectif de -50 %. La « cible » de cet indicateur devra « être mise en cohérence avec le Plan Écophyto 2030 », indique simplement le document.
  • L’accompagnement de l’agriculture bio pour atteindre 21 % de la SAU labellisée en 2030.

…et plusieurs mentions dans les « 39 fiches actions »

Dans une liste de « fiches actions » plus large, le Gouvernement mentionne l’agriculture à plusieurs reprises. La SNB table ainsi sur « au moins 50 000 km de haies replantées sur la décennie, en particulier en milieu agricole », conformément aux ambitions du Conseil national de la transition écologique, CNTE. Concernant la restauration des sols, le déploiement d’un diagnostic « santé des sols » lors de la transmission d’une parcelle agricole, qui pourrait intégrer la future loi d’avenir et d’orientation agricole, est évoqué.

L’un des indicateurs de suivi de la SNB concerne, enfin, la lutte contre l’artificialisation d’espaces naturels, agricoles et forestiers, avec un objectif de préserver 120 000 hectares chaque année.

264 millions d’euros de financement supplémentaire annoncés

Dès 2024, le budget de l’État et de ses opérateurs augmentera de 264 millions d’euros pour atteindre les objectifs de la SNB. De quoi porter à « près d’un milliard d’euros par an » les financements annuels consacrés à la biodiversité, selon la Première Ministre, Élisabeth Borne, citée dans les documents publiés le 21 juillet. Un total qui compte notamment les 475 M€ pour les agences de l’eau, prévus dans le plan eau.


(1) Comité national de la biodiversité (CNB), Conseil national de l’eau (CNE), Comité national de la mer et des littoraux (CNML) et Conseil national de la protection de la nature (CNPN).

Bilan mitigé pour la SNB 2011-2020
Les deux premières moutures de la SNB ont couvert respectivement les périodes 2004-10 et 2011-20. Les documents publiés par le Gouvernement pour présenter cette troisième SNB font état d’un bilan mitigé. Les pressions affectant la biodiversité « n’ont pas été réduites significativement », tandis que la mise en cohérence de l’action publique est qualifiée « d’insuffisante ». « L’absence de définition d’objectifs clairs, de cibles chiffrées et de plans d’actions pour les atteindre » est également évoquée.