En Bretagne, la crainte que les BSV n’atteignent pas leur public
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En rajoutant des informations complémentaires dans les Bulletins de santé du végétal, les animateurs Ecophyto craignent qu’ils deviennent trop complexes. C’est le cas de Claire Ricono, animatrice interfilière BSV à la Chambre d’agriculture de Bretagne, qui livre à Référence agro la manière dont ces nouveaux BSV sont abordés dans la région.
« Les nouveaux points sont intéressants, notamment sur la biodiversité ou les plantes invasives. » Claire Ricono, animatrice interfilière Bulletins de santé du végétal à la Chambre d’agriculture de Bretagne, accueille favorablement les nouveaux BSV, dits BSV 2.0. Pour elle, les informations supplémentaires qu’ils doivent comporter vont apporter un réel plus. Ils doivent en effet désormais davantage prôner les méthodes alternatives et l’agroécologie. « Toutefois, dans un contexte de diminution budgétaire du réseau de surveillance biologique du territoire, les efforts supplémentaires demandés pour mettre en œuvre ce BSV 2.0 ne permettent pas de valoriser à sa juste valeur le travail des observateurs qui peuvent potentiellement se désengager, indique-t-elle. Ils sont pourtant à la base de la fiabilité et donc de l’efficacité des conseils prodigués. Mais en Bretagne, tout le monde y a mis du sien ! »
« Ce serait contre-productif »
Comme en Nouvelle-Aquitaine, la crainte est également que ces informations supplémentaires n’alourdissent le BSV. « Le risque est qu’il ne soit pas entièrement lu. Ce qui serait contre-productif par rapport à l’objectif d’une meilleure appropriation de cet outil », ajoute-t-elle. Autre problématique : l’obligation d’apporter des informations sur les méthodes alternatives ou prophylactiques alors que des données en la matière peuvent manquer. « Par exemple pour les légumes de transformation, les projets de recherches peinent à trouver des solutions alternatives efficaces, indique Claire Ricono. D’autant que les cahiers des charges des distributeurs imposent un niveau de qualité parfois peu compatible avec les techniques agroécologiques existantes. »
La rédaction du BSV 2.0 nécessite un gros travail en amont, de recherche de références sur les méthodes prophylactiques disponibles. « Nous avons commencé un travail de référencement des documents utiles aux rédacteurs des BSV, que nous avons regroupés dans une base de données, poursuit-elle. Ceci pour que les animateurs puissent optimiser le temps qu’ils mettent à rédiger ces bulletins. »
BSV diffusés dans Paysan breton
Pour Claire Ricono, le bulletin de santé n’est pas assez connu et un investissement plus important sur la communication et diffusion doit être fait pour que les agriculteurs y aient plus facilement accès. « Depuis octobre 2022, ils sont diffusés dans le journal agricole Paysan breton, indique-t-elle. Cela lui donne une bonne visibilité. Mais il faut que le BSV soit plus connu, que cette nouvelle version trouve son public. Une enquête de lecture au bout d’un an permettrait de savoir comment il est perçu et utilisé. »
Les BSV en Bretagne
Nombre de filières : 6 (légumes de transformations, légumes frais, grandes cultures, arboricultures, pomme de terre et culture ornementale)
Nombre de BSV : 135 par an
Nombre d’observateurs : 111