« Nous voulons former toutes les coopératives au climat d’ici à 2025 », Carole Le Jeune, LCA
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La Coopération agricole veut faire monter en compétence le réseau des coopératives sur l’enjeu du climat pour accélérer le changement de pratiques des agriculteurs. Ce qui passe par la formation des conseillers, mais également des dirigeants. Explications avec Carole Le Jeune, responsable carbone chez LCA.
La Coopération agricole veut accélérer son action sur le dossier du carbone. « Nous comptons beaucoup sur les crédits carbone pour accompagner les agriculteurs dans les surcoûts de leur changement de pratiques », explique Carole Le Jeune, responsable carbone chez LCA, à Référence agro. C’est pourquoi LCA adhère, depuis le 28 février, à France carbon agri association afin de massifier les crédits carbone. Mais cela ne saurait suffire pour impulser une véritable dynamique dans les coopératives. « Passer à la vitesse supérieure sur ce sujet est complexe car peu palpable, reconnaît-elle. Cela demande de se projeter, ce qui est difficile dans le contexte actuel, mais pourtant essentiel pour le climat. » LCA a donc décidé de s’attaquer à une problématique plus profonde : la montée en compétence de son réseau sur l’enjeu climat.
Pilote d’un projet de sensibilisation des agriculteurs
Dans ce cadre, elle a signé plusieurs projets autour de la formation des agriculteurs et des conseillers aux enjeux climatiques avec le ministère de l’Agriculture. Depuis le début de l’année, elle pilote le projet Plaace, Pour l’amplification des actions des agriculteurs en faveur du climat et des écosystèmes. Huit organismes à vocation agricole et rurale, Onvar, y participe : l’Apad, Atelier paysan, Fadear, Fnab, FNCuma, Terre de liens, Terres en villes et Trame. Lancé pour deux ans, le projet vise à identifier un panel d’outils ou d’approches qui fonctionnent dans les différents réseaux. Par ailleurs, elle participe activement au projet Casdar sur le conseil climat, porté par les chambres d’agriculture, afin de former les conseillers. « Les deux projets s’alimentent mutuellement », précise Carole Le Jeune.
« L’impulsion passe par les dirigeants »
À une échelle plus haute de la hiérarchie, l’organisation entend sensibiliser les conseils d’administration et les comités de direction des coopératives. « L’impulsion de l’entreprise passe nécessairement par eux, reconnaît-elle. Nous avons pour ambition de former toutes les coopératives au climat d’ici à 2025. » Un club climat, avec une vingtaine de structures, pourrait également démarrer dès cette année. « Nous voulons bâtir des indicateurs identiques pour faciliter les analyses et les comparaisons », poursuit-elle.
Les coopératives génèrent 69 millions de tonnes de carbone par an
LCA a également lancé, en janvier 2022, une étude prospective bas carbone à horizon 2035 avec l’Institut du développement durable et des relations internationales, Iddri, et le Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales, Cereopa. L’ensemble des résultats seront disponibles en mai 2023. Objectif : obtenir une photographie à un instant T pour quantifier les progrès accomplis et les enjeux de demain. « Les premiers éléments montrent que les coopératives agricoles génèrent 69 millions de tonnes de carbone par an, livre Carole Le Jeune. 70 % proviennent de l’amont agricole, le reste étant réparti entre le transport, l’emballage, et la transformation industrielle. »
LCA est aussi partie prenante sur la loi d’orientation agricole, actuellement en débat. « Nous voulons porter le message que, sans adaptation au changement climatique, le secteur ne pourra pas être une solution, insiste-elle. Il faut développer la recherche et l’innovation afin de réaliser les bons exercices prospectifs et que nos entreprises s’adaptent et accompagnent les producteurs. »
- Retrouvez notre article sur l’engagement des coopératives dans l’enjeu climat dans notre mag en ligne dédié aux classements des coopératives et négoces à paraître jeudi 23 mars