PSE, Epiterre prend de l’ampleur et se constitue en société
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Depuis sa création en 2019, Epiterre facilite l’obtention de paiements pour services environnementaux pour les agriculteurs. Face à un volume de dossiers en augmentation, et des profils de projets de plus en plus variés, comme la mode et la cosmétique, la marque va se constituer en société. Le point avec Gilles Baraize, responsable du projet à la FNSEA.
Rapprocher les porteurs de projets agricoles drainant des services environnementaux et de potentiels financeurs. C’est la vocation de la marque Epiterre, lancée en 2019 par la FNSEA et l’association Imagin’Rural. Après deux ans, un tournant se profile : Epiterre s’apprête à devenir une société à part entière d’ici à la fin de l’année 2021. « La dynamique est là, et face au volume de dossiers traités et à venir, nous devons nous structurer et définir des objectifs », commente Gilles Baraize, responsable du projet Epiterre à la FNSEA.
25 000 à 500 000 euros par projet
À ce jour, Epiterre accompagne une quinzaine de projets, pour une soixantaine d’agriculteurs impliqués. « Les profils des porteurs sont hétérogènes, analyse Gilles Baraize. Nous avons des projets impliquant un seul agriculteur, d’autre plus de vingt. Les enveloppes obtenues oscillent entre 25 000 et 500 000 €, avec des engagements sur 4 à 30 ans. » Les objectifs sont également très variés. Epiterre recense 400 hectares relevant de contrats de prestations pour services environnementaux, CPSE, une dizaine de mares ou encore dix kilomètres de haies. Il est donc difficile de dégager une unité commune. Pour les CPSE surfaciques, les montants peuvent aller de 100 à 2500 € par hectare.
La compensation écologique comme amorce
Le profil de la douzaine de financeurs ayant contractualisé avec Epiterre n’est pas non plus uniforme. « Dans un premier temps, nous avons surtout géré des dossiers de compensation écologique, financés par des entreprises telles que Luxel, Eurocape, TSE photovoltaïque, Urbasolar. Elles sont tenues de contrebalancer l’impact de leurs projets, type parc éolien ou photovoltaïque, détaille Gilles Baraize. Depuis, nous voyons de plus en plus d’entreprises nous contacter dans le cadre de la RSE. » Parmi ces dossiers, l’implantation de 4 km de haies financées par le Medef en Champagne, ou l’obtention de 500 000 € pour un projet mené dans le Lot via le Fonds régénératif pour la nature, initié par la marque de luxe Kering. Objectif : développer 200 hectares de sainfoin et implanter de nouvelles ruches, tout en pérennisant l’élevage d’une race de brebis locale, sur les trois prochaines années.
La mode et la cosmétique attirées par les CPSE
Une majorité des contrats en cours de négociation relève de cette logique RSE. « Les financeurs sont parfois issus de filières agroalimentaires, mais nous avons aussi des entreprises de la mode ou de la cosmétique désireux de pérenniser leurs filières d’approvisionnement, comme le cuir ou la laine pour Kering, détaille Gilles Baraize. Certains acteurs sont moins familiers avec nos projets agricoles, qu’il faut prendre le temps de présenter. » Ce projet lotois montre bien le fonctionnement d’Epiterre, qui a repéré la compatibilité entre l’appel à projets international de Kering, dont l’ambition est de convertir un million d’hectares en espaces d’agriculture régénératrice, avec l’initiative d’éleveurs lotois. Sans se cantonner à la simple fonction d’entremetteur : Epiterre a également participé à construire le dossier de candidature et a structuré ses contours administratifs, « un exercice à la fois très spécifique et chronophage », selon Gilles Baraize.
Projets de collectivités et bas carbone en perspectives
C’est notamment pour faire face à ces dossiers qu’Epiterre s’apprête à évoluer. Actuellement, la FNSEA mobilisait jusqu’à six personnes et Imagin’rural sa cinquantaine de salariés, mais de manière ponctuelle. Gilles Baraize lui-même n’est affecté à temps plein à Epiterre que depuis mai 2021. En se structurant en société, l’objectif est aussi d’avancer sur des perspectives nouvelles. Plusieurs dossiers en cours relèvent de la collaboration avec des collectivités, notamment en Paca et Occitanie. Un axe de travail appelé à prendre de l’ampleur. Enfin, Epiterre souhaite resserrer son partenariat avec France carbone agri association. « L’essentiel de nos projets portent sur la biodiversité, mais nous avons aussi du bas carbone, rappelle Gilles Baraize. Collaborer avec France carbone agri association, c’est ouvrir la porte au carbone labellisé. »