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Retenues d’eau en Sèvre Niortaise, un rapport appelle à « préciser les objectifs »

Le | Projets-territoriaux

Suite à de violentes manifestations à Sainte-Soline, en octobre 2022, le comité de bassin Loire-Bretagne avait missionné le cabinet Ecodécision. Objectif : réaliser une analyse des engagements pris dans le protocole signé en 2018, base fondatrice du PTGE de la Sèvre Niortaise, concernant la construction de 16 retenues. Le rapport, présenté le 13 décembre, appelle à poursuivre le projet, mais en précisant et en augmentant l’ambition des engagements pris par les exploitants.

Le chantier de la première des 16 retenues prévues dans le Marais poitevin, à Mauzé-le-Mignon, dans  - © D.R.
Le chantier de la première des 16 retenues prévues dans le Marais poitevin, à Mauzé-le-Mignon, dans - © D.R.

Depuis le premier coup de pelle, en septembre 2021, le projet de territoire de gestion de l’eau, PTGE, de la Sèvre-Niortaise, qui concerne la construction de 16 retenues d’eau, a fait couler beaucoup d’encre… et suscité de nombreuses réactions. Pour tenter d’apaiser les tensions et de renouer le dialogue, une cellule d’écoute a été mise en place l’été dernier. Alors que celle-ci devait aboutir à la formulation de préconisations courant décembre, un rapport a été présenté le 13 décembre en comité de bassin Sèvre Niortaise et Mignon. Réalisé par le cabinet Ecodécision, le document , présenté deux jours plus tôt en commission locale de l’eau Sèvre Niortaise Marais Poitevin, avait pour mission d’analyser les engagements pris dans le protocole d’engagements signé en 2018, qui structure le PTGE. Le comité de bassin avait sollicité le cabinet suite aux manifestations organisées à Sainte-Soline les 29 et 30 octobre 2022.

Des engagements individuels pas assez ambitieux

Le rapport, qui formule quatre recommandations, appelle en premier lieu à « adopter des objectifs plus précis » et à « différencier les objectifs indépendants de l’avancement des retenues, des objectifs liés à l’engagement ou la finalisation des travaux de construction de retenues ». Si la non-réalisation de certains engagements sont en effet expliqués par la faible avancement de certains travaux, également ralenti par les tensions entourant les chantiers, le rapport souligne le caractère peu ambitieux des premiers engagements individuels pris. Seulement trois exploitants ont ainsi souhaité s’engager dans l’agriculture de conservation des sols, et sept dans le désherbage mécanique et la lutte biologique, contre 46 dans un système de rotation de trois cultures sur cinq ans. De plus, les engagements de 56 exploitants sont connus sur 200 concernés. Pour les auteurs du document, cela pourrait s’expliquer par le « risque perçu par l’agriculteur sur les volumes qui lui sont alloués, même si une évolution plus ambitieuse est envisagée (AB, label HVE) ». Une faible ambition qui « [pourrait] donner l’impression / être présentée comme un refus de s’engager réellement », alerte le document.

Mieux communiquer avec des indicateurs « faciles à expliquer »

Passé ce constat, les auteurs du rapport appellent néanmoins les porteurs du PTGE à « ne pas laisser tomber », en raison de la «  nécessité d’agir sur la gestion de l’eau », alors que l’usage des produits phytosanitaires ne diminue pas autant qu’espéré. « La sécurisation de l’irrigation par la création de retenues constitue une réponse parmi d’autres à l’objectif de restaurer l’équilibre quantitatif de la ressource en période de basses d’eau et de faciliter le développement d’une agriculture favorable à la biodiversité et à la qualité de l’eau. » Pour ce faire, le document appelle vivement à « revoir la communication, dont on peut se demander si tous les acteurs ont compris l’importance », en affichant notamment « des indicateurs réactifs et faciles à expliquer, pour suivre l’usage des produits phytosanitaires, la ressource en eau et la biodiversité ». Enfin, le rapport recommande d’améliorer la coordination et l’animation autour du projet. «  Malgré les contraintes, un gros travail « préparatoire » a été réalisé, tiennent à souligner les auteurs du rapport. Il apparaît donc que la période récente a constitué une phase préalable, plus de mise en place que d’action opérationnelle, même si cette dimension n’a pas été totalement absente. Le travail accompli permettra une plus grande efficacité par la suite. »

La Coop 79 salue les enseignements du rapport

Dans un communiqué diffusé le 19 décembre, la Coop 79, la structure réunissant les exploitations concernées par le PTGE, salue la diffusion de ce rapport. « C’est un encouragement à réaliser tout le projet et à ne surtout pas abandonner, réagit Thierry Boudaud, le président de la Coop 79. Nous prenons acte de toutes ces recommandations. Elles sont bienveillantes et permettent d’aiguiller et de réorienter pour que le projet aille au bout ! »