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47 % du phosphore des sols agricoles mondiaux provient des engrais minéraux

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Une étude menée par Inrae et Bordeaux Sciences Agro, publiée le 5 janvier dans Nature Geoscience, révèle que près de la moitié du phosphore disponible dans les sols agricoles, à l’échelle mondiale, provient des engrais minéraux. Dans les pays du Nord, dont la France, cette dépendance est encore plus marquée.

47 % du phosphore des sols agricoles mondiaux provient des engrais minéraux
47 % du phosphore des sols agricoles mondiaux provient des engrais minéraux

Le phosphore est, à l’instar de l’azote et de la potasse, un élément essentiel de la croissance de la plante. Naturellement présent dans les sols, il est inéquitablement réparti dans les différentes régions du monde. Des équipes de recherche d’Inrae et de Bordeaux Sciences Agro ont élaboré un modèle qui simule l’évolution de la disponibilité en phosphore dans les sols agricoles dans tous les pays du monde, entre 1950 et 2017. Leurs travaux, publiés le 5 janvier dans Nature Geoscience, permettent de qualifier la fraction de phosphore issu des engrais minéraux, aussi appelé signature anthropogénique en phosphore des sols.

Des inégalités de répartition

L’étude montre que 47 % du phosphore disponible dans les sols agricoles est issu des engrais minéraux phosphatés. Une valeur qui s’élève à plus de 60 % dans les pays d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord. Les pays d’Asie affichent des signatures anthropogéniques équivalentes, qui, contrairement à celles des pays occidentaux, sont encore en croissance.

L’Europe de l’Est et l’Amérique du Sud présentent des signatures anthropogéniques à 40 % et l’Afrique, des signatures inférieures à 30 %, alors que c’est sur son territoire, au Maroc, que sont concentrées 70 % des ressources minérales de phosphate. Les auteurs de l’étude pointent les inégalités de répartition de ces ressources, et la nécessité d’en donner l’accès à l’Afrique, l’Amérique latine et l’Europe de l’Ouest pour améliorer les rendements.

Des pratiques agroécologiques pour préserver le phosphore

Quant aux régions du monde disposant de sols fortement enrichis en phosphore, l’étude recommande de préserver ces ressources en instaurant un recyclage du phosphore et une transition agroécologique s’appuyant sur la polyculture élevage. La réduction d’apport n’aurait pas d’impact négatif sur les rendements, les cultures, notamment le lupin blanc ou le sarrasin, étant capables de mobiliser le phosphore accumulé dans les sols. Par ailleurs, la limitation de l’érosion, par des couverts ou la rotation des cultures, est essentielle pour éviter la perte de ces nutriments.