Eau et climat, fil rouge d’Inrae au Salon de l’agriculture
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Pour sa présence au Salon de l’agriculture, Inrae a choisi de focaliser ses interventions sur le sujet de l’eau. Une conférence organisée en amont de l’événement a permis d’en savoir plus sur les différents enjeux qui seront abordés.
« Le choix de ce thème n’est pas une surprise, nous savons que les agriculteurs et les pouvoirs publics ont de grandes attentes », a expliqué Philippe Mauguin, le président-directeur général de l’Inrae, lors d’un point organisé le 22 février, en amont de l’ouverture du Salon de l’agriculture. L’institut y détaillera notamment les actions de la recherche sur les sujets de l’eau et du climat, fil rouge de sa présence à l’événement. Les récents travaux du Varenne de l’eau illustrent les attentes des parties prenantes et la marche à franchir. « Depuis le milieu des années 1990, nous assistons à un plafonnement des rendements en blé, dont la cause principale est le changement climatique, rappelle Pierre Martre, de l’Unité d’écophysiologie des plantes sous stress environnementaux. Or, les rendements devront augmenter de 50 % d’ici à 2050 pour faire face à la hausse de la population mondiale. » Parmi les pistes à l’étude : la sélection de plants avec des durées de développement plus courtes, l’adaptation de la croissance des plantes au climat, etc. « Nous n’avons toujours pas d’OGM tolérants à la sécheresse, ce qui est plus recherché que la résistance en grandes cultures, pour maintenir la croissance de la plante », poursuit le chercheur. Pour accélérer l’efficacité de la sélection, des travaux sont menés dans l’infrastructure Phenome-Emphasis, une structure unique en Europe, financée par les crédits du PIA.
Recherche participative sur les zones humides
Des travaux sont également menés sur le sujet des zones humides pour réduire les pollutions diffuses liées aux activités agricoles. « En consacrant 1 % des surfaces cultivées à des zones humides, les flux annuels de nitrate peuvent être réduits de 40 %, et ceux de produits phytosanitaires de 50 %, indique Julien Tournebize de l’Unité Hydrosystèmes continentaux anthropisés - ressources, risques, restauration. Ce n’est pas du 100 %, ce n’est pas un permis de polluer, mais c’est un complément au changement de pratiques. » Un projet pilote de recherche participative est mené en Seine-et-Marne en association avec des agriculteurs depuis plus de dix ans. « 1 %, c’est déjà beaucoup pour les exploitants, nous travaillons donc à l’élaboration de zones tampons multifonctionnelles, avec des citoyens, des élus, précise Julien Tournebize. Il nous reste aussi à étudier le devenir des sédiments de ces pollutions et la question des gaz à effet de serre. »
Quelle durabilité des systèmes agroécologiques ?
De manière plus générale, un enjeu plus global serait à creuser, selon Delphine Leenhardt, directrice de recherche dans le département Sciences pour l’action et le développement. « Nous n’avons pas encore beaucoup quantifié l’eau utilisée dans les systèmes agroécologiques. Les conditions sous lesquelles les systèmes irrigués se convertissent à des systèmes agroécologiques restent aussi à étudier, tout comme les manières dont l’irrigation peut-être, et si oui comment, un facteur d’agroécologie. »