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Abeilles : l'interaction entre un néonicotinoïde et Nosema cerana impacte fortement les reines

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L’interaction entre l’imidaclopride et Nosema cerana a un impact plus conséquent sur les reines que chaque stress pris séparément. C’est ce qu’établit un travail mené par l’Institut national de la recherche agronomique Inra et publié le 31 août dans Scientific Reports. Alors que beaucoup d’études parues jusqu’à ce jour ciblaient les effets nocifs de différents facteurs de stress sur les ouvrières, les chercheurs de l’Inra se sont intéressés au comportement de reines, exposées à un pesticide néonicotinoïde de façon indirecte et/ou à l’agent pathogène Nosema cerana.

 

Mécanismes de défense insuffisants

 

Les résultats d’un suivi de quatre groupes de dix reines, sur deux ans, montrent que ces deux facteurs combinés affectent « très fortement la survie des reines en conditions naturelles et modifie leur physiologie. » Pour les deux groupes de reines soumises au pesticide, la mort est intervenue entre 45 et 90 jours dans respectivement 90 % (néonicotinoïde seul) et 100 % (avec Nosema cerana) des cas. L’Inra évoque une exposition à une dose de 0,7 ppp d’imidaclopride, « dose à laquelle les abeilles peuvent être confrontées dans la nature. »Les chercheurs de l’Inra ont observé une réponse de protection contre l’action de l’imidaclopride : l’augmentation de l’activité d’enzymes spécifiques dans la tête et l’intestin des reines. Des mécanismes de protection toutefois insuffisantes lors de cette expérimentation, pour éviter une mortalité prématurée.« Ces résultats pourraient expliquer la perte de la capacité de résilience de la colonie, lorsque la disparition de la reine entraîne l’arrêt de la ponte et donc la production de nouvelles ouvrières », conclut l’Inra.

L’imidaclopride est une substance insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Depuis fin 2013, un moratoire européen interdit leur utilisation pour le colza, le tournesol et le coton. Il est autorisé en France en pulvérisation sur les arbres fruitiers et conifères de forêts, ainsi qu’en enrobage de graines sur le blé d’hiver, avoine, l’orge d’hiver le seigle, la betterave et le triticale.