Agroécologie, un programme inter-instituts vise à renforcer les synergies entre le bio et le non-bio
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Valoriser toutes les recherches d’alternatives aux intrants de synthèse travaillées au sein de treize instituts et renforcer les synergies entre le bio et le non-bio. Tel est l’objet d’un programme coanimé par l’Acta et l’Itab, lancé en 2022 pour cinq ans. Détails avec Emeric Pillet, directeur de l’Itab.
Validé en juillet 2022, le programme « Synergies pour la production, la transposition, le transfert et l’appropriation de références entre les modes de production Bio et non-Bio » a été lancé pour cinq ans. Co-animé par l’Acta, l’association de coordination technique agricole, et l’Itab, l’institut de l’agriculture et de l’alimentation biologiques, il regroupe 13 instituts (1) travaillant sur le végétal et l’animal. Il bénéficie d’un budget de plus d’1,4 million d’euros et de 17 ETP (emploi temps plein).
Dépasser les approches filières
« L’objectif est de valoriser tous les travaux de recherche de techniques alternatives à l’utilisation d’intrants de synthèse, références, méthodes, outils, pour augmenter la production biologique et accélérer la transition agroécologique, explique Emeric Pillet, directeur de l’Itab. Le programme est ambitieux. Il dépasse les approches filières. Le bio et le non-bio ont à apprendre l’un de l’autre. Le bio peut en effet aider le conventionnel, comme il l’a déjà fait pour le désherbage mécanique par exemple. De leur côté, les instituts conventionnels travaillent de plus en plus de techniques biologiques, comme les auxiliaires, les mélanges de variétés de blé, ou encore les engrais organiques. L’ambition est de créer des ponts entre les différents instituts pour produire et valoriser de multiples références en agriculture biologique, favoriser l’appropriation des connaissances et renforcer la durabilité des exploitations. »
Emeric Pillet, impliqué dans les travaux relatifs à l’anticipation du retrait des substances actives phytosanitaires, au sein du groupe transversal lié à l’agriculture biologique, est formel : « le bio est apporteur de solutions, avance-t-il. Nous devons également regarder les alternatives délaissées ces dernières années et qui peuvent aujourd’hui, suite au retrait d’une molécule de synthèse, redevenir intéressantes, même si elles ne présentent pas une efficacité complète. »
Quatre axes de travail
Le programme est composé de quatre axes de travail. Le premier consiste à faire l’inventaire des productions (références, méthodes et outils) utilisables en agriculture biologique et produites par les différents instituts. « L’occasion de voir également les travaux de recherche qui font défaut », précise le directeur de l’Itab. Le deuxième axe vise à évaluer les conditions de transposition de ces références produites sur des systèmes non bio à des systèmes bio, et inversement. Cet axe de travail s’emploie également à identifier des pistes d’adaptation de ces références pour qu’elles deviennent transposables d’un type de système à l’autre, dans une approche d’analyse des freins au changement. « Il faut dépasser les postures habituelles et lever les verrous socio-économiques, reprend Emeric Pillet. Un agriculteur conventionnel doit par exemple plus facilement pouvoir aller voir un groupe de développement biologique. »
Le troisième axe a pour objectif d’identifier les besoins en R&D. Enfin, le quatrième axe tend à rendre plus visibles et plus opérables l’ensemble des travaux utiles aux conseillers et aux agriculteurs.
Un premier point sur ce programme est d’ores et déjà prévu lors du salon Tech&Bio 2023, qui se déroulera les 20 et 21 septembre 2023 à Bourg-lès-Valence dans la Drôme.
(1) Acta, Arvalis, CTIFL, FN3PT, Idele, Ifip, IFV, Itab, Itavi, ITB, Iteipmai, IT2, Terres Inovia.