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Alternatives aux néonicotinoïdes, l’ITB et l’Inrae planchent sur des solutions opérationnelles

Le | Recherche-developpement

Alors que le projet de loi visant la possibilité d’accorder des dérogations à l’interdiction d’utilisation des néonicotinoïdes commence à être étudié à l’Assemblée nationale, l’Institut technique de la betterave et l’Inrae ont dévoilé, le 22 septembre 2020, leur plan national de recherche et d’innovation. Objectif : trouver un panel de solutions alternatives.

Alternatives aux néonicotinoïdes, l’ITB et l’Inrae planchent sur des solutions opérationnelles
Alternatives aux néonicotinoïdes, l’ITB et l’Inrae planchent sur des solutions opérationnelles

« L’idée est d’avoir un panel de solutions à proposer aux producteurs pour qu’ils puissent semer leurs betteraves sans qu’ils aient une épée de Damoclès au-dessus de la tête », a souligné Alexandre Quillet, président de l’ITB, l’Institut technique de la betterave, lors d’une présentation à la presse, le 22 septembre 2020, du plan national de recherche et d’innovation conduite avec l’Inrae. « Nous n’aurons pas une solution équivalente aux néonicotinoïdes, mais des solutions qui permettront de réduire les risques », a précisé Philippe Mauguin, PDG d’Inrae.

Des dérogations durant trois ans

Le projet de loi qui prévoit la possibilité d’accorder des dérogations à l’interdiction d’utilisation de néonicotinoïdes pour les semences jusqu’au 1er juillet 2023, est examiné, pour avis, par le Commission du développement durable de l’Assemblée nationale le 22 septembre, et par la Commission des affaires économiques le 23 septembre. Il sera débattu en séance publique le 5 octobre 2020.

Alors que toutes les associations environnementales appellent à ne pas voter ce projet de loi, l’ITB et l’Inrae ont tenu à mettre en avant sa nécessité. « L’hiver exceptionnel de 2020 a conduit à des pertes de production de 15 % au niveau national, a précisé Alexandre Quillet. Ces pertes sont allées jusqu’à 40 % dans les zones infectées, dans la zone sud de la production. » La crainte est de voir revenir de tels hivers aux conditions particulièrement favorables aux pucerons vecteurs du virus de la jaunisse. Et d’observer des producteurs arrêter la betterave, des sucreries fermer.

La possibilité d’utiliser des néonicotinoïdes durant trois ans offre donc une assurance aux producteurs, le temps de trouver des alternatives efficaces. Car les alternatives chimiques actuelles ne le sont pas. Les pucerons sont désormais résistants aux deux matières actives de l’association lambda-cyhalothrine et pirimicarbe relevée par l’Anses dans son avis sur les alternatives. Le Teppeki, à base de flonicamide, et le Movento, à base de spirotétramate, n’ont quant à eux pas suffi en 2020.

Vers des solutions opérationnelles contre la jaunisse

Le plan national de recherche et d’innovation vise le développement d’un panel de solutions contre ces pucerons vecteurs de la jaunisse. « Nous avons des pistes intéressantes, qui relèvent du biocontrôle, de la génétique et de l’agronomie », a noté Philippe Mauguin. Les recherches ne datent pas d’hier mais sont accélérées, notamment grâce à un soutien public de 7 M€ d’euros sur trois ans et un montant global supérieur à 20 M€ avec les co-financements Inrae, ITB et semenciers. Des résultats mobilisables sur le terrain sont attendus à partir de 2021-2022.

Dès 2021, 500 hectares (1 000 en 2023) seront réservés pour tester différents panels de solutions alternatives. L’objectif est de parvenir à l’élaboration d’un modèle économique durable, sans recours aux néonicotinoïdes. L’AIBS, l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre a remis ce 22 septembre son plan de prévention au ministre chargé de l’Agriculture : « La filière betterave-sucre-alcool s’engage dans un processus de transition responsable et ambitieux vers une culture de la betterave sans néonicotinoïdes à horizon 2024 au plus tard ».

Ce plan prévoit entre autres de n’utiliser de néonicotinoïdes qu’une seule année par parcelle sur la période 2021-2023, avec une dose réduite de 25 %, et d’implanter 4 000 ha de nouvelles surfaces de plantes mellifères (luzernes d’été, bandes fleuries, jachères mellifères, etc.) sur l’ensemble des exploitations betteravières à horizon 2023.